Fiche thématique n°11 : La chaleur renouvelable
Partager la page
Le développement de la chaleur issue d’énergies renouvelables est un volet majeur de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). En France, la chaleur représente environ la moitié de la consommation finale énergétique et reste majoritairement produite par des énergies fossiles fortement émettrices de gaz à effet de serre. En 2020, les usages en chauffage, production d’eau chaude sanitaire et climatisation représentaient près de 80% de la consommation finale du secteur résidentiel, plus de 60% de la consommation finale du secteur tertiaire et plus de 30% de la consommation finale du secteur industriel. La décarbonation de la production de chaleur, couplée à la réduction des besoins de chaleur, est donc un atout considérable afin de réduire durablement les émissions de CO2 dans l’ensemble de ces secteurs.
La production de chaleur peut reposer sur divers vecteurs énergétiques : gaz, fioul domestique, électricité, biomasse, géothermie, solaire thermique, etc. Environ 95% des besoins de chaleur sont couverts par des modes de chauffage décentralisés ; les 5% restants sont couverts par des réseaux de chaleur, principalement déployés dans les zones urbaines. En 2020, les 833 réseaux de chaleur français ont livré une quantité de chaleur de 25 TWh, alimentant principalement des bâtiments résidentiels (54% de la chaleur livrée) et des bâtiments tertiaires (36% de la chaleur livrée). Ces réseaux permettent notamment de produire de la chaleur à partir d’énergies renouvelables et de récupération qui ne pourraient pas être transportées autrement jusque dans les centres urbains denses (géothermie sur aquifères profonds, chaleur issue des usines d’incinération des ordures ménagères, etc.).
En 2020, la consommation primaire d’énergies renouvelables pour usage de chaleur s’élevait à 173 TWh. Cette consommation recouvre à la fois la quantité d’énergie renouvelable directement utilisée par les consommateurs finaux et la quantité d’énergie renouvelable utilisée pour produire la chaleur livrée via les réseaux de chaleur (elle exclut les quantités d’énergie renouvelable in fine transformées en électricité et celles à usage de transport). Elle se décompose en bois-énergie, chaleur renouvelable tirée des pompes à chaleur, géothermie, solaire thermique, déchets renouvelables, biogaz, résidus agricoles et agroalimentaires, biocarburants et autres bio-liquides.
Objectifs actuels, modalités de soutien et perspectives de la chaleur renouvelable
La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE2) adoptée en avril 2020 prévoit une accélération du rythme de développement de la chaleur renouvelable et de récupération (EnR&R). En 2028, la PPE prévoit une part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute de chaleur et de froid comprise entre 34,3 et 38,9% (la loi prévoit quant à elle une part de 38% pour 2030). Les énergies renouvelables représentent une part croissante de la production de chaleur et de froid. En 2020, elles couvraient 23,4% de la consommation finale brute de chaleur et de froid (contre 18,9% en 2015).
Réalisé 2015 | Réalisé 2016 | Réalisé 2017 | Réalisé 2018 | Réalisé 2019 | Réalisé 2020 | Objectif PPE 2028 | |
Part des EnR dans la consommation finale brute de chaleur et de froid (%) | 18,9 | 20,1 | 20,6 | 21,2 | 22,4 | 23,4 | 34,3 à 38,9 |
Évolution de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute de chaleur et de froid de 2015 à 2020 (Source : DGEC Indicateurs de suivi de la PPE d’après SDES)
La PPE prévoit en outre de multiplier par 5 la quantité de chaleur et de froid EnR&R livrée par les réseaux de chaleur et de froid entre 2012 et 2030. Les livraisons de chaleur et de froid EnR&R doivent continuer à progresser pour atteindre les objectifs fixés par la PPE pour 2028 : 31,0 à 36,0 TWh EnR&R livrés par les réseaux de chaleur et 2,0 à 2,7 TWh EnR&R livrés les réseaux de froid.
Afin de soutenir le développement de la chaleur renouvelable, l’État a confié à l’ADEME, depuis 2009, la gestion du Fonds Chaleur. Le fonds Chaleur a pour mission de financer les projets de production de chaleur à partir d’EnR&R ainsi que les réseaux de chaleur et de froid liés à ces installations. Sur la période 2009-2021, l’ADEME a engagé 2,9 Mds€ à travers le Fonds Chaleur pour soutenir plus de 6 500 opérations, qui ont généré un montant d’investissement total de 10,8 Mds€ et qui représentent une production supplémentaire de chaleur renouvelable de 39 TWh/an. Le fonds chaleur est doté de 520 M€ en 2022 (contre 350 M€ en 2021 et 2020, et environ 220 M€ en 2015).
Le plan France Relance a permis de lancer un appel à projet BCIAT (Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire) pour soutenir la décarbonation de l’industrie avec à la fois des aides à l’investissement et au fonctionnement. Les 96 projets soutenus depuis le lancement de ce dispositif représentent 1,27 Md€ d’investissements industriels, et bénéficieront de 418,6 M€ d’aide à l’investissement et de 316 M€ d’aide au fonctionnement pour une durée de 15 ans. La mise en œuvre de ces projets permettra d’éviter plus de 1,83 MtCO2eq/an d’émissions de GES. Le plan France 2030, en lien avec le plan de résilience visant à réduire les consommations de combustibles fossiles dans le contexte de la guerre en Ukraine, a permis de renouveler l’appel à projet BCIAT pour un montant de 150 M€ à partager avec un autre appel à projet relatif à la décarbonation des procédés industriels.
La part des combustibles fossiles (fioul, réseaux de gaz, etc.) dans la production de chaleur et de froid doit décroître jusqu’en 2050, par l’effet conjugué du déploiement des modes de chauffage EnR&R décentralisés et de l’augmentation de la chaleur EnR&R livrée par les réseaux de chaleur. Dans l’étude « Transition(s) 2050 » de l’ADEME, la part des EnR&R dans la consommation de chaleur hors réseaux passe de 15% en 2015 à environ 60% dans les scénarios S1, S2 et S3 et plus de 45% dans le scénario S4 à l’horizon 2050. Dans le secteur résidentiel, cette part évolue de 25% en 2015 à près de 70% dans l’ensemble des scénarios en 2050 ; dans le secteur tertiaire, elle évolue de 6% en 2015 à environ 50% dans les scénarios S1, S2, S3 et autour de 25% dans le scénario S4 en 2050 ; la tendance est similaire dans le secteur industriel, où cette part évolue de 9% en 2015 à environ 60% dans les scénarios S1 et S2, 45% dans le scénario S3 et 30% dans le scénario S4 en 2050.
Par ailleurs, tous les scénarios reposent sur un accroissement du poids des réseaux de chaleur dans la fourniture de chaleur (de 4% en 2015 à respectivement 8%, 12% 13% et 6% dans les scénarios S1, S2, S3, S4 en 2050). La part des ENR&R dans les réseaux de chaleur (biomasse, chaleur issue des usines d’incinération des ordures ménagères, géothermie, chaleur de récupération, biogaz, solaire thermique) augmente fortement dans tous les scénarios, passant de 50% en 2015 à 90% dans les scénarios S1, S2 et S3 et 88% dans le scénario S4 en 2050.