Contribution d’Enercoop Nationale à la concertation nationale sur le mix énergétique
11/01/2023 - 17h33
Enercoop, producteur et fournisseur coopératif d’énergie renouvelable, porte depuis ses débuts en 2005 une vision de la transition énergétique décentralisée, aux mains des citoyens et 100% renouvelable. Aujourd’hui composé de 11 coopératives, le réseau Enercoop contribue à faire avancer la dynamique de l’énergie citoyenne, renouvelable et locale au quotidien, à la fois par son activité de fourniture et de production. Société de personnes à lucrativité limitée, régie par une gouvernance démocratique associant toutes les parties prenantes, Enercoop porte depuis sa création un projet politique, qui dépasse la seule question du mix énergétique et qui place le citoyen au cœur des réflexions, au bénéfice d’une transition écologique, sociale et démocratique. Après avoir affirmé en 2018 vouloir fermer 14 réacteurs nucléaires avant 2035, le président de la République a affiché sa volonté de relancer un programme nucléaire français dans un discours à Belfort en février 2022. Alors qu’une concertation et un débat public sont en cours sur le choix du futur mix énergétique, le gouvernement court-circuite ces processus en posant comme un fait établi la nécessité de développer de nouveaux réacteurs en proposant un projet de loi visant à préparer les conditions de relance de la stratégie nucléaire. La faisabilité d’autres scénarios a pourtant été démontrée. Enercoop défend la trajectoire proposée par Négawatt (La transition énergétique au cœur d’une transition sociétale - 2022 - Négawat) d’un mix fondé sur la sobriété, l’efficacité énergétique et le 100 % énergies renouvelables, ne nécessitant pas la construction de réacteurs nucléaires, couplée à une sortie progressive du nucléaire historique à l’horizon 2045. Nous militons pour que les citoyen·ne·s soient impliqués dans la gouvernance des projets énergétiques afin d’agir pour un renouvellement démocratique au service d’une transition juste. Aux antipodes de cette approche, le nucléaire est par essence une technologie centralisée, dont les dangers inhérents et le lien avec l’industrie militaire exigent une politique de confidentialité et de secret défense, la rendant incompatible avec une participation citoyenne directe. Historiquement, nucléaire et démocratie sont deux aimants qui se repoussent. Toutes les grandes décisions autour du nucléaire ont été prises sans consultation de la population ou sans tenir compte de son avis. A cause de l’importance des investissements nécessaires à son développement, le nucléaire ne permet pas non plus une participation citoyenne à la gouvernance et au capital des projets tout au long de leur exploitation. Dans une période où les défis démocratiques sont prégnants et que la demande d’implication citoyenne est grandissante, le nucléaire prive de fait les citoyen·ne·s d’une appropriation de l’énergie. La décision autour du futur mix énergétique ne se résume pas à une simple option énergétique ou un choix purement technique réservé aux spécialistes. Elle doit associer de manière effective les citoyen-n·e·s. Des consultations comme celle-ci et celle organisée par la CNDP (Commission nationale du débat public), aussi peu relayées et dans des délais aussi contraints, ne constituent en aucun cas des garanties suffisantes à l’application du droit à l’information et à la participation des citoyen-n-es à l’élaboration des décisions publiques. Nous appelons à une vraie concertation sur le sujet pour bâtir collectivement un avenir désirable. Elle doit aussi être l’occasion d’organiser des changements de comportements collectifs et individuels afin de dessiner un modèle de société plus sobre. La co-construction de cette planification systémique et la création d’un récit collectif sont la clé de l’acceptabilité et de l’appropriation des enjeux par toutes et tous. Ce sont les conditions nécessaires pour mener une transition énergétique ambitieuse et juste. Les sujets énergétiques, parce qu’ils sont complexes, nécessitent une bonne information et une formation des citoyen·ne·s sur les enjeux et les coûts environnementaux, économiques et sociaux, ainsi que sur les risques associés en matière de santé et de biodiversité. Nous plébiscitons à ce titre des espaces de dialogue et de coconstruction ouverts et transparents, s’inscrivant dans une démarche de participation citoyenne sur le temps long. Les démarches scientifiques doivent venir en appui pour permettre d’éclairer ces débats, en objectivant les effets des différents scénarios, mais en aucun cas de s’y substituer. Faisons de ce choix de société un espace de vitalité démocratique et, de la transition énergétique, un moyen pour chacun.e de reprendre le pouvoir sur son énergie.
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