Développer la filière de l’hydrogène naturel du sous-sol

La filière de l’hydrogène vert, c’est à dire de l’hydrogène fabriqué par électrolyse de l’eau à partir d’électricité excédentaire et décarbonée d’origine éolienne, solaire, hydraulique ou nucléaire, est en train de se développer fortement grâce notamment au soutien du gouvernement et aux financements européens et français. Il y a de bonnes raisons pour que l’hydrogène vert devienne une énergie importante pour décarboner en priorité des industries et transports lourds fortement émetteurs de gaz carbonique. Cela pourrait se réaliser rapidement car les technologies le permettant existent. Cependant la fabrication de cet hydrogène vert est très consommatrice en électricité et en eau (De l’ordre de 55 kWh d’électricité et au moins 10 l d’eau pour fabriquer 1 kg d’hydrogène). Il faudrait donc absolument faire fonctionner les electrolyseurs avec seulement de l’électricité décarbonée excédentaire car les besoins en électricité décarbonée devraient augmenter rapidement dans un futur proche et il n’y aurait aucun sens de ’’gaspiller’’, de détourner cette électricité de ses utilisations primordiales pour fabriquer de l’hydrogène vert. C’est pourquoi il est important de considérer en complément de l’hydrogène vert d’autres possibilités pour produire de l’hydrogène décarboné de manière plus simple, à moindre coût, avec des besoins en eau et en électricité beaucoup plus faibles et potentiellement en plus grande quantité. Une de ces possibilités est celle de la recherche, de l’exploration et de la production d’hydrogène naturel du sous-sol. Cette filière de l’hydrogène naturel du sous-sol représente une nouvelle énergie primaire renouvelable et décarbonée qui aurait besoin d’être reconnue et de bénéficier de subventions en parallèle des financements que l’Europe et la France ont déjà engagés pour la filière de l’hydrogène vert. Des chercheurs français sont très en pointe au niveau mondial dans ce domaine de l’hydrogène naturel du sous-sol, qui est en fait une branche assez nouvelle des sciences de la terre. Plusieurs universités dont celles de Grenoble, Lorraine, Paris, Pau, Savoie Mont Blanc ainsi que le CNRS, le BRGM et l’IFPEN mènent divers programmes de recherche sur l’hydrogène naturel. Grâce à des caractéristiques géologiques favorables et des mesures d’émanations d’hydrogène en surface, ces chercheurs nous indiquent que plusieurs régions en France métropolitaine et en outre-mer seraient susceptibles de receler des ressources en hydrogène naturel : l’Alsace, la Bresse, la Bretagne, la Corse, le Cotentin, le Morvan, la Nouvelle-Calédonie et les piedmonts pyrénéen et alpin. Du côté de petites et moyennes entreprises françaises et de grands groupes industriels, on note de plus en plus d’intérêt et d’activité sur l’hydrogène naturel. Du côté institutionnel, la région Nouvelle Aquitaine soutient depuis 2021 un projet de recherche de trois ans pour évaluer le potentiel des ressources en hydrogène naturel sur tout le territoire de la région. Gérard Blanchard, Vice Président de la région, a fait une présentation sur ce sujet lors du deuxième sommet international sur l’hydrogène naturel en juin 2022 (H-Nat Summit). Un développement règlementaire important a été publié dans le Journal Officiel en avril 2022. Le Code Minier a été amendé sur de nombreux points, dont l’ajout de l'hydrogène naturel à la liste des ressources minières. Ceci autorise maintenant l’obtention de permis de recherche et d’exploitation d’hydrogène naturel. Il est clair que notre pays possède de très fortes compétences scientifiques, des capacités technologiques et industrielles importantes, des entreprises engagées et innovantes, des initiatives privées et régionales notables et des zones d’exploration potentiellement favorables en métropole et outre-mer. Ainsi, la France a tous les atouts pour devenir un des pays à la pointe de cette filière naissante de la recherche, de l’exploration et de la production d’hydrogène naturel du sous-sol. (Plus d’information détaillée sur cette filière de l’hydrogène naturel à : https://www.linkedin.com/posts/philippe-dubreuilh-22198939_note-hydroge… )