Faire de la préservation de la ressource en eau l’un des fondements de notre stratégie énergétique

Nos modèles économiques doivent être repensés à l’aune de la crise climatique. La stratégie énergétique française ne peut déroger à cet impératif. Parmi les enjeux de premier plan, la gestion et la préservation de la ressource en eau, grande victime du changement climatique, revêt un caractère prioritaire. Avec la récurrence des épisodes de sécheresse, les territoires éprouvent déjà les contraintes qui pèsent sur le partage de cette ressource essentielle : au mois d’octobre 2022, 77 des 96 départements français étaient concernés par des restrictions d’usage de l'eau. Dans le cadre de la concertation sur l’avenir du mix énergétique, la problématique est d’autant plus centrale que 90 % du volume de la production électrique en France dépendent de l’eau. Prendre en compte la multiplicité de ses usages est la première étape vers la généralisation d’un modèle de gestion intégrée de cette ressource pour l’utiliser tout en la préservant, elle ainsi que ses écosystèmes. Le Rhône, l’un des seuls fleuves au monde dont la gestion est assurée par un unique opérateur sous l’égide de l’Etat sur sa partie française, incarne ce modèle de gestion équitable. Il se traduit en premier lieu par la priorité donnée à l’observation stricte des débits réservés pour la préservation et l’amélioration des milieux naturels ; mais également par la primauté de l’alimentation en eau potable des populations, de l’irrigation agricole et le développement de la navigation fluviale à des fins commerciales, de croisière ou de plaisance. Quant à l’eau utilisée pour la production d’électricité, elle est immédiatement restituée dans son cours naturel après avoir refroidi les centrales nucléaires de la vallée du Rhône et alimenté les 19 centrales hydroélectriques “au fil de l’eau” qui produisent l’équivalent de la consommation électrique de 5 millions d’habitants. La force de ce modèle repose sur sa longévité, garante d’une expérience reconnue. Confortée dans sa mission de concessionnaire du Rhône jusqu’en 2041, CNR a la capacité d’inscrire son action dans le temps long et de redistribuer la valeur créée par la production énergétique du fleuve pour investir dans sa préservation. Ses leviers d’actions sont nombreux : déployer des plans ambitieux et durables de renaturation du fleuve et de réhabilitation de ses lônes, accompagner les acteurs du monde agricole qui innovent pour adapter leurs pratiques aux effets du changement climatique, accélérer la décarbonation du transport fluvial ou encore soutenir la recherche pour la protection de la qualité des milieux. Ce modèle redistributif vertueux est duplicable. L’exemple de CNR illustre que la valeur générée par les énergies renouvelables peut être réinvestie dans la protection et la régénération de nos ressources naturelles.