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Publié le 06/01/2023 - 10h53

aurore.baisez@hotmail.fr

  • A - Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets

L'Etat et ses services dédiés ne font déjà pas respecter correctement la législation en ce qui concerne la continuité écologique au titre de l'article L214-17 du code de l'environnement. Il est illusoire de croire que des améliorations seront faites dans l'avenir. Seuls les aspects de continuité (accès aux habitats des poissons à la montaison comme à la dévalaison) peuvent être en partie compensés sur les ouvrages de taille réduite à moyenne. Néanmoins, seulement 10 à 20 % des ouvrages hydroélectriques du bassin de la Loire sont mis aux normes alors que la réglementation est très ancienne. Les milieux aquatiques sont essentiels à notre quotidien et leur fragilisation par des ponctions excessives d'eau ou la modification des écoulements par les barrages contribuent au dysfonctionnement de l'ensemble du système aquatique. Les ouvrages transversaux créent des modifications des écoulements entraînant une uniformisation et une perte d’habitats aquatiques, le réchauffement des eaux et une baisse de la qualité, des blocages des sédiments et organismes aquatiques dont les poissons. En plus du blocage à la montaison (parfois partiellement compensé par un dispositif du type passe à poisson), les turbines des ouvrages hydroélectriques entrainent par ailleurs des risques de blessures et mortalités des poissons à la dévalaison. Les modifications hydrologiques actuelles notamment de réduction des débits dans un cadre de changement climatique amène à rediscuter du partage de l'eau avec en objectif le maintien d'usages (études HMUC). Pourtant ces usages ne sont plus adaptés et ces ponctions sont faites au détriment de l'eau dans la rivière nécessaire à toute vie. L'été dernier montre combien l'homme est capable de détruire les rivières avec des assecs sur tout le territoire. Développer l'hydroélectricité dans ce cadre est une ineptie. Dans le bassin de la Loire, par exemple, 76 % des zones de reproduction historiques (avant fin du XIXème) du saumon atlantique sont condamnées aujourd’hui car situées au-dessus de barrages hydroélectriques infranchissables. Sur le bassin de la Loire, il existe environ 700 microcentrales hydroélectriques. En France, la petite hydroélectricité représente près de 90 % des installations mais moins de 10 % de la production française d’hydroélectricité. Avec la multiplication des ouvrages, même petits, ces impacts se cumulent tout au long des cours d’eau. Les coûts de la restauration du milieu sont au centuple de leur détérioration tant en termes de moyens financiers qu'en temps de restauration alors avant de détruire restaurons d'abord l'existant, l'argent public serait bien mieux investi pour les générations futures. Laissons l'eau couler dans nos rivières. D’autres solutions sont possibles, à commencer par la fameuse « sobriété énergétique » dont il est enfin question suite aux augmentations des coûts énergétiques !