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Publié le 06/01/2023 - 17h50

FredPo

  • C - La résilience au changement climatique

  • J - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)

Dans notre objectif d'une transition extrêmement rapide vers une énergie décarbonnée, le Nucléaire est au mieux une coûteuse « distraction », au pire une dangereuse impasse, ceci pour plusieurs raisons: a. Le nucléaire est trop cher comparé aux alternatives renouvelables, et nous fait perdre un temps et des moyens précieux qui seraient mieux utilisés dans la filière renouvelable. Le coût de revient d’un nouveau kilowattheure nucléaire coûte plus de trois fois plus cher qu’un nouveau kilowattheure solaire ou éolien . Ainsi, en investissant un euro dans le nucléaire, on substitue beaucoup moins d’énergie fossile qu’en investissant le même euro dans le renouvelable. Etant donné l’urgence de la crise climatique, nous ne pouvons pas nous payer le luxe du nucléaire. b. Quasiment aucun investisseur privé n’accepte de prendre le risque de projets nucléaires. Cela devrait faire réfléchir à la nature particulière de ce risque. Le recours à un financement exclusivement public est aussi un poids potentiellement très lourd que nous transférons aux générations futures, celles-là même qui auront à gérer notre dette climatique. c. Le nucléaire ne sera jamais qu’une énergie marginale à l’échelle mondiale. Sa part est passée maintenant sous la barre des 10% de la production d’électricité mondiale en raison notamment de la baisse très forte des coûts des énergies renouvelables. d. Le nucléaire est trop long à développer : Un projet nucléaire nécessite de l’ordre de 12 à 20 ans de développement. La lutte contre le changement climatique nous impose d’aller très vite si on veut garder un espoir de maintenir à terme le climat que nous connaissions depuis des millénaires : - 55% d’émission de Gaz à Effet de Serre d’ici 2035, «0 net carbone » en 2050. Outre un effort de sobriété et d’efficacité énergétique le plus rapide possible, cet objectif nous impose une électrification rapide de la plupart des process et la mise en place concomitante de moyens de production d’électricité décarbonée. Les nouvelles centrales nucléaires ne pourront jouer aucun rôle à un horizon aussi proche que 2035, et ne sauraient être que marginales en 2050. e. Le nucléaire n’est pas le complément idéal de la production renouvelable. On pointe souvent, à juste titre, la difficulté des deux grandes technologies renouvelables (Solaire Photovoltaïque et Eolien) de ne pas être pilotables. Sauf à accepter de baisser la consommation pendant les périodes (non contrôlées) de plus faible production, il convient de compléter le dispositif par des moyens additionnels, capables de reprendre en temps réel la charge que l’éolien et le Solaire Photovoltaïque ne produiraient plus. Le nucléaire, par son inertie structurelle, n’est pas adapté à jouer ce rôle, tant la production éolienne est capable de varier très fortement dans un laps de temps court. Seuls des moyens thermiques (Biogaz ou Hydrogène) ou hydrauliques sont en mesure de faire ce travail de dentelle. f. Résilience de la filière et maintien des compétences La France n’a pas su maintenir entre les années 1990 et les années 2010 les compétences techniques pour la construction de nouvelles centrales, comme le prouvent les fiascos des projets d’EPR. Comment peut-on raisonnablement penser pouvoir maintenir cette compétence sans discontinuer sur le temps long du nucléaire, bien au-delà du siècle ? De plus, si la maîtrise de nos émissions de Gaz à Effets de Serre dans la décennie qui vient ne se révélait pas assez rapide et drastique, les conséquences du changement climatique risqueraient de se faire ressentir très durement sur nos sociétés, mettant le maintien de la compétence technique encore plus en difficulté. En cas d’effondrement, même partiel, l’éolien et le photovoltaïque seraient bien moins dangereux à exploiter que le nucléaire. g. La fiabilité du nucléaire n’est pas assurée. La situation actuelle du parc nucléaire Français (50% de la puissance indisponible à l’automne 2022) nous rappelle que la disponibilité technique des moyens de production n’a rien d’acquis, notamment avec un parc vieillissant. Par ailleurs, la technologie nucléaire est particulièrement vulnérable aux épisodes de chaleur, appelés à se multiplier sous l’effet du changement climatique, car le nucléaire, contrairement aux technologies renouvelables, à besoin d’une source froide pour fonctionner (un tiers du parc avait été mis à l’arrêt pendant l’été caniculaire de 2003). L’idée que le nucléaire serait plus fiable et maîtrisable que les renouvelables est donc à relativiser. i. La gestion des déchets nucléaires n’est toujours pas résolue. Depuis plus de 50 ans que la question de la gestion des déchets a été posée, aucune solution opérationnelle de long terme n’a été mise en œuvre. Le recyclage reste un pari technologique extrêmement audacieux. Dans ces conditions, le chiffrage du kWh nucléaire et l’acceptabilité du stockage des déchets de longue durée restent incertains : cette industrie s’apparente à une fuite en avant technologique et environnementale. Le Nucléaire nous conduit à transférer aux générations futures le fardeau de nos déchets dangereux. j. Les risques spécifiques du Nucléaire Le nucléaire a démontré par l’exemple (notamment à Fukushima et Tchernobyl) que les accidents s’avèrent en réalité plus fréquents qu’anticipé. Sans bilan sanitaire complet et précis, l’impact sur la santé humaine s’avère difficile à quantifier. N’en reste pas moins que l’Eolien et le Solaire PV induisent des risques infiniment moins élevés que le nucléaire. Du reste, la mise en œuvre de zones d’exclusion millénaires dans un pays comme la France serait un prix exorbitant à payer. L’usage militaire du Nucléaire civil comme démontré en Ukraine par l’armée Russe, ou terroriste par l’usage de « bombes sales » (visant la dissémination en ville de matière radioactive) rendues possible par la dissémination des lieux de production sont autant de vulnérabilités majeures directement liées au Nucléaire civil.