Publié le 08/11/2022 - 16h12
-
A - La relance d’une politique électronucléaire globale et d’ampleur (mise en œuvre des trois piliers de Belfort), comparable à celle des années 1970 et 1980
-
B - Un haut niveau d’excellence opérationnelle de la filière tant en ce qui concerne la fiabilité opérationnelle et la disponibilité du parc nucléaire existant, le démantèlement sûr des centrales nucléaires, que la capacité à délivrer d’éventuels nouveaux réacteurs, afin de maîtriser les coûts et les délais
-
E - L’installation de nouveaux réacteurs nucléaires en priorité sur des sites de production d’électricité nucléaire existants
HAUSSE DES BESOINS EN ÉLECTRICITÉ Malgré toute la ’’sobriété énergétique’’ possible, nos besoins en électricité vont croitre significativement (+40% en 2050, source RTE) dans la stratégie nationale bas-carbone, essentiellement afin de permettre la sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), avec entre autres l’électrification de l’industrie et des transports. MIX DE PRODUCTION ÉLECTRIQUE A l’horizon 2050, le scénario le plus réaliste et raisonnable de mix de production d’électricité s’appuiera sur : - environ 15% d’hydroélectricité (aujourd’hui 18,5%, soit 26 GW, sachant que la quasi-totalité des sites rentables sont déjà équipés), - autour de 25% d’électricité d’origine éolienne et solaire, le caractère intermittent et non pilotable de ces énergies ne pouvant en faire qu’un complément (aller au-delà de ce pourcentage engendrerait un tel ensemble de contraintes sociétales, environnementales, techniques et économiques qu’elles en deviennent inacceptables, source rapport RTE AIE janvier 2021), - le reste, soit environ 60% de nucléaire, à ce jour la seule source d’électricité décarbonée pilotable de masse, avec un fonctionnement en base. QUEL NUCLÉAIRE ? Selon les experts, vu les défis techniques restants à surmonter pour les réacteurs à fusion, une première utilisation industrielle plus rentable que la fission ne pourra intervenir au mieux qu’en 2050, et plus probablement vers la fin du siècle. Le choix de la fission s’impose donc, malgré ses inconvénients (traitement des déchets). MISSIONS D’EDF En conséquence, d’ici à 2050, les missions d’EDF devraient être de : - remettre en service rapidement les réacteurs dont la maintenance a été retardée (covid, grèves, pénuries), - remettre en service dès que possible les 12 réacteurs arrêtés pour contrôles (corrosion sous contrainte), - mettre en service l’EPR de Flamanville et en intégrer le REX (retour d’expérience), - poursuivre et mener à bien le ’’grand carénage’’ des centrales existantes (améliorant ainsi leur sûreté et permettant leur exploitation jusqu’à 60 ans au moins), - planifier et lancer la construction des nouveaux EPR2 : Penly 3 & 4, Gravelines 7 & 8, 2 au Tricastin ou au Bugey, puis 8 autres EPR2 (aujourd’hui optionnels), et à terme le remplacement du parc, selon besoin, - préparer et gérer le démantèlement des réacteurs arrivant en fin de vie. LES PRÉREQUIS Pour assurer le succès de cet ambitieux programme, un certain nombre de conditions (prérequis) sont nécessaires. En voici une liste non limitative : - Au niveau d’EDF en tant qu’architecte-ensemblier : o Prendre en compte le REX de l’EPR de Flamanville, o Conduire une véritable politique industrielle de la filière, o Afficher des programmes stables à long terme de construction de nouveaux réacteurs, o Donner aux entreprises la visibilité et la confiance nécessaires pour qu’elles engagent les efforts d’investissement et de recrutement indispensables, o Impulser la reconstitution du tissu industriel de la ’’filière nucléaire’’, o Embaucher (ou faire embaucher par les cotraitants et sous-traitants) massivement de jeunes techniciens et ingénieurs et les former aux métiers du nucléaire qui requiert rigueur, savoir-faire, expérience, compétence, engagement dans la durée, ainsi qu’une forte culture de qualité, sécurité et sûreté, o Définir clairement la répartition des rôles (maître d’ouvrage, maître d’œuvre, direction de projet,…) et l’organisation des ressources d’ingénierie, o Restaurer et maintenir les compétences propres à EDF dans la mise en œuvre de grands projets complexes (ingénierie système, maquette numérique, planning partagé, gestion prévisionnelle des coûts à terminaison, etc…), o Construire en série des centrales standardisées. - au niveau gouvernemental (la réussite de ce programme nécessite le soutien fort et indéfectible de nos gouvernements, actuel et futurs) : o Identifier et reproduire autant que possible les conditions qui ont fait la réussite du contrat programme des années 70-90, o S’assurer de la maitrise totale du cycle du combustible nucléaire (amont et aval), o Veiller à la stabilité du contexte réglementaire, o Vérifier que les autorités de sûreté (ASN, IRSN,…) disposent des moyens nécessaires, o Recentrer l’ASN sur la sûreté et la sécurité nucléaire (pas de dogmatisme, mais une vraie stratégie de maitrise des risques), o Restaurer une certaine forme de souveraineté industrielle (trop de productions ayant été délocalisées, abandonnées ou vendues), o Engager un grand programme d’enseignement et de de formation aux métiers du nucléaire, avec un focus sur les compétences cruciales (exemple : les soudeurs), o Trouver et missionner les successeurs des grands serviteurs de l’Etat (tels Georges Besse, Marcel Boiteux, Paul Delouvrier et André Giraud, parmi bien d’autres), artisans du programme électronucléaire ’’historique’’ français, o Sécuriser et mettre en place avec EDF un plan de financement. LE FINANCEMENT Pour réaliser ce vaste programme, de manière conjointe avec EDF, le gouvernement va devoir mettre en place un plan de financement considérable et des instruments financiers appropriés. Ceci va être difficile, avec une dette publique colossale (à ce jour plus de 2.900 milliards d’euros officiellement, mais en fait probablement beaucoup plus) et un service de la dette qui s’accroit dangereusement avec le retour de l’inflation (environ 50 milliards d’euros prévus pour 2022). Cela ne semble émouvoir personne, mais cela signifie que pour l’année 2022, on va verser aux institutions financières prêteuses un montant supérieur au coût estimé de cinq EPR2… ! C’est l’occasion pour le gouvernement de s'attaquer très sérieusement à la réduction du train de vie de l'État, et d’instituer l’obligation de tenir des exercices budgétaires excédentaires pour rembourser la dette. L’EPR DE FLAMANVILLE Entre les premiers bétons de Civaux 2 et de l’EPR de Flamanville, il s’est écoulé presque 17 ans, une période pendant laquelle aucune nouvelle centrale n’a ét
Partager la page
Soutiens