Publié le 09/01/2023 - 08h41
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A - Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets
Le développement de l’hydroélectricité par la construction de nouveaux ouvrages est aujourd’hui incompatible avec la préservation des milieux aquatiques. En effet, les cours d’eau du bassin Rhône-Méditerranée sont déjà fortement équipés, l’ensemble des sites présentant un intérêt énergétique important étant d’ores et déjà exploités. Rappelons à ce titre que le rapport sur l’état des eaux adopté par le Comité de Bassin le 6 décembre 2019 indique que les causes principales de risque de non atteinte du bon état en 2027 résident dans les perturbations hydro-morphologiques (53% des cours d’eau, page 69), les ruptures de continuité (39%, page 75 ) et les altérations hydrologiques (impact sur les débits, éclusées hydroélectriques par exemple pour 31 % des cours d’eau, page 59). Ainsi, les 3 premières pressions en termes de masses d’eau impactées, entrainant un risque de non atteinte du bon état pour les cours d’eau du bassin, sont des pressions qu’exerce l’usage hydroélectrique. Seules les zones à très fort enjeu écologique n’ont pas encore été équipées, et l’enjeu énergétique qu’elles représentent est mineur de par la faible puissance et le faible productible des installations pouvant y être implantées. Rappelons par ailleurs que ce type d’ouvrages ne possède pas ou peu de capacité de modulation et de production en réponse aux pics de consommation électrique, avantage dont seuls les grands ouvrages possédant une capacité de stockage peuvent se prévaloir. Enfin, la diminution des débits des cours d’eau, du fait des effets du changement climatique, condamne inexorablement le modèle économique de ces ouvrages. Ainsi, tout nouvel ouvrage hydroélectrique ne pourra être construit que sur des zones particulièrement sensibles d’un point de vue écologique, notamment (mais pas exclusivement) pour ce qui concerne les réservoirs biologiques. Ces nouveaux aménagements, quand bien même ils disposeraient des meilleurs équipements en matière de continuité écologique et gestion hydraulique, auraient des impacts résiduels majeurs sur les milieux aquatiques et les écosystèmes qu’ils abritent. Ces impacts sont incompatibles avec les enjeux et objectifs de bon état et de non dégradation, en particulier sur notre bassin. Le rapport environnemental du SDAGE 2022-2027 (p 293 à 296) aborde cette question de manière objective et rappelle les principaux enjeux à la fois hydroélectriques et écologiques. Nous ne pouvons que saluer cette analyse, qui reprend en particulier des éléments issus de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) 2019-2028. En conclusion, l’hydroélectricité nécessite une analyse particulière afin de s’assurer de la préservation des milieux aquatiques et du respect des objectifs de non dégradation de la DCE. A ce titre qu’il est indispensable de dissocier la petite et la grande hydroélectricité, qui présentent des caractéristiques et donc des analyses coûts-bénéfices totalement différents. Par ailleurs qu’il est nécessaire de contraindre fortement voire s’opposer à la construction d’ouvrages nouveaux, qui répondent avant tout à des enjeux particuliers et vont la plupart du temps à l’encontre de l’intérêt général. Au contraire, il est nécessaire d’orienter exclusivement l’usage hydroélectrique dans une démarche d’optimisation de l’existant qui, sous réserve de non dégradation, est la seule à même de faire émerger des projets « gagnant-gagnant » à la fois d’un point de vue énergétique et d’un point de vue écologique (voir par exemple les travaux d’optimisation réalisés sur Romanche-Gavet).
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