Publié le 09/11/2022 - 13h48
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A - Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets
Il faut être clair : nous avons actuellement besoin de cette électricité et certains cours d’eau doivent être désormais considérés uniquement à travers le prismes des aménagements (Rhin et Rhône notamment), au moins à court ou moyen terme. Cependant il faut garder en tête les dommages sévères causés à l’environnement et qui ne sont pas assez développés ici. De plus la raréfaction de la ressource en eau , exacerbée par le réchauffement, amène à repenser la politique hydro-électrique. Concernant les grands ouvrages, les problèmes sont connus : - rétention sédimentaire, causant potentiellement des difficultés en aval (enfoncement du lit et de la nappe alluviale qui perd en capacité de stockage, structures d’ouvrages fragilisées, disparition des frayères…) . - rupture de continuité et disparition des poissons migrateurs alors que ces animaux étaient une source de protéines importante et gratuite, alimentant une économie parfois prospère autour d’eux, outre les interactions entre écosystèmes marins et montagnards aujourd’hui reconnues . - le fonctionnement des systèmes de franchissement (dans les deux sens!) là où il est possible d’en installer n’est pas toujours idéal, loin de là, soit par défaut de conception, soit par manque d’entretien. - éclusées ayant un impact dévastateurs sur les écosystèmes en aval (exondations ou vagues brutales). - débits réservés insuffisants au regard des besoins écologique (réchauffement de l’eau). - stockage des polluants ce qui pose un problème de gestion tôt ou tard. - l’évaporation de l’eau y est très importante. - altération de l’auto-épuration de l’eau, augmentation de l’eutrophisation. - opérations de « transparence » et/ou de vidange conduisant à des catastrophes récurrentes (récemment bassins de la Garonne et de la Durance). Il est donc important de revoir le fonctionnement de ces installations pour en limiter les impacts. De plus, on observe une tendance à multiplier les usages pour ces ouvrages ce qui rend leur gestion compliquée (électricité, eau potable, irrigation, soutien d’étiage, tourisme… activités parfois concurrentes et contradictoires, mais cela se fait toujours aux dépends des milieux aquatiques). Ceci doit être clarifié au cas par cas. Une optimisation de l’existant doit aussi être envisageable d’autant que les performances du matériel actuel le permette ce qui permettrait d’éviter de développer de nouvelles installations quelle que soit leur taille. Le potentiel en nouveaux ouvrages est quasi nul, néanmoins au cas où ceci devait être envisagé des mesures fortes de compensation doivent être imposées (comme l’effacement ou l’arasement d’ouvrages à l’impact fort). Concernant la petite et très petite hydro-électricité : - la problématique de continuité reste prégnante. - les débits réservés là où ils sont requis ne permettent pas une vie normale des milieux, l’eau s’y réchauffe et les habitats sont réduits (souvent sur plusieurs centaines voire milliers de mètres). - le fonctionnement par éclusées est dévastateur pour le milieu. - les petites retenues créées nuisent au fonctionnement du milieu voire le modifie (réchauffement, évaporation, ennoiement et uniformisation d’habitats, établissement d’espèces ubiquistes). - en montagne on interagit avec des milieux extrêmement fragiles qui demandent à être préservés plutôt que massacrés. - on a tendance à confondre la puissance installée et la puissance productible qui est largement dépendante de l’hydrologie, ce qui atténue très largement l’intérêt de ce type d’installation vu les réductions des débits attendus à cause du réchauffement - concernant les moulins il est dès lors faux de considérer qu’ils vont produire autant qu’une tranche nucléaire; il est également important que la gestion actuelle n’a plus rien à voir avec les usages passés et qu’ils posent actuellement un réel problème de continuité et de rétablissement des populations piscicoles qui existaient avant que l’usage meunier ne soit abandonné ; les arguments avancés relatifs à l’atténuation des crues et stockage de l’eau sont ici hors sujet et de toute façon erronés (le « bon sens » n’est pas une preuve). - enfin, concernant l’approvisionnement local, argument qui demande à être entendu, d’autres technologies sont possibles (biomasse, éolien) ; l’argument du coût et éventuellement du coût du stockage ne tient pas car l’a petite hydro électricité est très largement subventionnée, et il faut donc réfléchir à une ré-orientation budgétaire. Il ne doit pas y avoir d’installation de nouvelles micro-centrales, l’utilisation d’ouvrages anciens pour la production hydro-électrique implique un respect strict des milieux, les exploitants ont des droits mais aussi des devoirs.
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