Partager la page

Publié le 09/12/2022 - 11h45

Jean-Charles Piketty

  • A - Des efforts très importants, permettant de limiter fortement les besoins énergétiques associés. Ce scénario nécessiterait une généralisation d’une très forte sobriété des usages, notamment en ce qui concerne la température moyenne du chauffage (baisse de 2°C en moyenne, ce qui conduirait à une température moyenne de 17°C), la consommation d’eau chaude et l’utilisation d’appareils électroniques et électro-ménagers.

Suivant la SNBC et les futurs énergétiques RTE (1), notre consommation d’énergie de 1618 TWh en 2021 (2) doit passer à 930 TWh d’ici 2050, soit une réduction de 42 % avec abandon du pétrole, du gaz naturel et du charbon. L’objectif de neutralité carbone est corrélé à une forte baisse de consommation d’énergie. Pour respecter notre objectif climatique inscrit dans la SNBC et donc baisser fortement notre consommation d’énergie, nous comptons sur deux principaux chantiers d’efficacité énergétique, la rénovation thermique et des systèmes de chauffage des bâtiments et l’électrification des transports. Le bilan des rénovations thermiques de 2016 à 2019 établi par l’ONRE (3) indique qu’on atteint une économie de 7,2 TWh pour 2,1 millions de logements rénovés ; pour 30 millions de logements restants on peut donc extrapoler 103 TWh d’économie d’ici 2050 dans le résidentiel seulement. En 2021 notre consommation d’énergie est de 754 TWh pour le secteur résidentiel et tertiaire (492,4 TWh + 261,3 TWh) (2). Selon la SNBC, la consommation résidentielle et tertiaire devrait passer à 460 TWh en 2050 soit une économie de (754 – 460) = 294 TWh. Le rapport de consommation résidentiel/tertiaire étant 492,4 TWh/ 261,3 TWh, reprenant l’extrapolation des résultats ONRE sur 30 millions de logements (économie de 103 TWh) on peut évaluer en proportion 55 TWh d’économies dans le tertiaire. L’économie totale projetée en 2050 selon les résultats de l’ONRE est de (103 + 55) = 158 TWh, soit 21 % de la consommation du secteur ce qui est très inférieur à l’objectif 2050 de 460 TWh de la SNBC qui est une économie de 61 %. L’insuffisance de la qualité des rénovations nécessite beaucoup plus de rénovations performantes et BBC qui peuvent atteindre exceptionnellement 50 % d’économie mais on n’atteindra jamais 61 % ; une économie de 30 % sur tout le secteur est une estimation optimiste, soit 226 TWh, donc 68 TWh économisés en plus. Pour réduire l’artificialisation des sols, il faut moins construire à neuf et reconvertir la construction neuve dans la réhabilitation du parc existant, parfois démolir et construire à neuf avec les normes BBC. Beaucoup de bâtiments, par exemple les immeubles haussmanniens, ne pourront pas être isolés par l’extérieur ; l’isolation par l’intérieur conduit alors à réorganiser certains appartements, notamment les studios/deux pièces devenus trop petits ; il y aura donc des remaniements et relogements pour certains ménages, sinon beaucoup de logements seront exclus d’économie d’énergie. Voir aussi les résidences secondaires et tout le tertiaire. Si l’on ne rénove pas tous les bâtiments et tous les locaux et logements sans exception, l’économie globale espérée sur le secteur ne sera pas atteinte ; c’est un chantier colossal en termes de nombre de bâtiments et de qualité de travaux qu’il faut reconsidérer de fond en comble avec un budget conséquent ; je propose une nouvelle méthode de financement de ce chantier dans ma contribution libre au Thème 3. Le financement de la rénovation thermique et du système de chauffage de la résidence principale devrait être entièrement pris en charge par la collectivité avec un plafond de surface habitable et nombre de pièces selon la composition du foyer fiscal. Pour le surplus de surface habitable, la rénovation est obligatoire à la charge du propriétaire. Les résidences secondaires sont à la charge complète des propriétaires. Pour avoir beaucoup de puissance photovoltaïque sans artificialisation des sols il faut massifier le photovoltaïque et le solaire thermique sur les toits de tous les bâtiments. Notamment, l’équipement des toits de toutes les villes et zones urbaines peut former plusieurs centrales solaires pour les besoins de la ville et de ses habitants ; les propriétaires du bâti n’auraient pas à leur charge la gestion des installations prises en charge par des entreprises. Il faut donc une coordination entre BTP et fournisseurs d’énergie. Il faut impérativement lever les contraintes d’un autre âge imposées par les Bâtiments de France : les toits en zinc de Paris ont fait leur temps, il faut avancer, par exemple avec les tuiles solaires ou autres panneaux esthétiques (4). L’équipement des villes et zones urbaines pourrait être pris en charge par des entreprises d’énergie en exploitant les toitures de la totalité des bâtiments sous forme de concessions créées par les pouvoirs publics avec des appels d’offres. Ainsi, la contrepartie de la transformation des entreprises d’énergies fossiles serait l’attribution de nouveaux marchés avec appel d’offres ; les lauréats deviendraient producteurs et distributeurs d’électricité photovoltaïque et d’énergie solaire thermique pour les besoins de tout le secteur résidentiel et tertiaire. Il faudrait un sous-projet par territoire avec un planning qui prend en charge méthodiquement tous les bâtiments du territoire. Les équipements, par exemple les appareils d’électroménager, ballons d’eau chaude, froid, télévision/informatique peuvent être équipés d’une batterie avec intelligence pour se charger par exemple pendant l’ensoleillement et ainsi fonctionner à toute heure. Cela permet une flexibilité de la demande nécessaire aux énergies renouvelables. (1) https://www.rte-france.com/default/page/index.html (2) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numeriqu… (3) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/fi… (4) https://www.neozone.org/innovation/terran-invente-une-tuile-photovoltai…