Publié le 09/12/2022 - 11h54
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A - Oui, et ce quel que soit l’usage
Les décalages des consommations peuvent gérés grâce à des outils au niveau de l’équipement des ménages, du tertiaire et de l’industrie, par exemple des appareils de pilotage des appareils dans les logements, l’équipement de batteries individuelles sur les appareils d’électroménager leur permettant de fonctionner sur leur batterie à l’heure de pointe ou à la demande. Ces décalages permettent de lisser les pointes mais ne nous aideront pas pour réduire significativement notre consommation d’énergie. Suivant la SNBC et les futurs énergétiques RTE (1), notre consommation d’énergie de 1618 TWh en 2021 (2) doit passer à 930 TWh d’ici 2050, soit une réduction de 42 % avec abandon du pétrole, du gaz naturel et du charbon. L’objectif de neutralité carbone est corrélé à une forte baisse de consommation d’énergie. Nous comptons sur deux principaux chantiers d’efficacité énergétique : • Rénovation thermique et des systèmes de chauffage des bâtiments, soit 226 TWh d’économie selon ma contribution sur les bâtiments. • Électrification des transports routiers, soit 276 TWh d’économie selon ma contribution sur les mobilités. On peut en attendre une économie d’énergie de (226 + 276) = 502 TWh. L’énergie consommée passerait de (1618 – 502) = 1116 TWh ; il resterait donc (1116 – 930) = 186 TWh d’économie par efficacité énergétique à trouver dans les autres secteurs Industrie et Agriculture qui consomment en 2021 (311 + 52,1) = 363 TWh ; 186 TWh d’économie représente une réduction de 51 % ; c’est impossible d’autant plus que nous allons réindustrialiser en consommant plus d’énergie notamment pour construire les installations de production d’énergie bas-carbone en utilisant par exemple plus de transport de matériaux qui ne sont pas bas-carbone, et d’autant plus si nous réindustrialisons le pays. On voit donc que les réductions de consommation par efficacité énergétique d’ici 2050 seront très insuffisantes et ne permettront pas d’atteindre nos objectifs climat. Le risque d’échec de nos engagements climatiques est très élevé et nous devons donc actionner la sobriété énergétique. Les leviers de sobriété de l’étude des futurs énergétiques de RTE (1) totalisent un potentiel d’économie d’énergie de 90 TWh. Cela ne suffit pas pour compenser le manque d’économie d’énergie par efficacité énergétique de 186 TWh. Début décembre 2022, d’après RTE, le plan de sobriété économise 8 % d’électricité principalement imputables malheureusement à l’arrêt d’industries très intensives en énergie par suite de l’explosion du prix de l’énergie. Notre consommation annuelle de 2021 étant de 433 TWh, 8 % d’économies sur un an représenteraient 34 TWh. Attention cette baisse ne concerne que l’électricité soit 26,76 % de l’énergie. On ne connait pas les économies réalisées pour les autres énergies, notamment fossiles (73,24 % de notre consommation). Selon mes propositions figurant dans mes contributions, les 186 TWh manquants pour l’atteinte de nos objectifs peuvent être compensés par 227 TWh, se décomposant ainsi : • Division par 2 du poids des véhicules routiers : 69 TWh. • Renforcement de la rénovation thermique des bâtiments : 68 TWh. • Sobriété énergétique : 90 TWh. Ce sont donc les trois chantiers prioritaires qui doivent être entrepris pour assurer la réduction de la consommation d’énergie ; cela permettra d’abandonner les énergies fossiles plus rapidement et aussi de diminuer la quantité d’installations de production d’énergies bas carbone que nous devons construire et pour lesquelles nous avons un retard considérable. Nous devons mettre en place la sobriété énergétique et il est indispensable de disposer d’un système de restitution fiable des économies d’énergie réalisées par les actions de sobriété au niveaux individuels et collectifs avec consolidation des résultats au niveau national. Un outil informatique de suivi des sobriétés serait l’application « SobriétéTracker » : un répertoire des actions de sobriété. SobriétéTracker est ouvert à tous sur PC et smartphone pour enregistrer les actions de sobriété énergétique individuelles, collectives et systémiques. Le logiciel peut être géré par des bénévoles et associations ; suivant le catalogue des actions de sobriété, les réalisations enregistrées sont contrôlées et consolidées pour en déduire les réductions nationales de consommation d’énergie et d’émissions de GES. Les données gérées sont par exemple : état de consommation et d’émissions à tous niveaux (foyer fiscal, collectivité, entreprise, organisme, secteur…), objectif de réduction de consommation et d'émissions, méthode de mesure des économies. Voici deux exemples d’actions systémiques sur tout le territoire à enregistrer et suivre dans l’application : • Extinction éclairages de nuit public/villes/routes/monuments/bureaux, objectif d’économie nationale d’électricité de 5 à 10 % • Télétravail notamment pour les personnes contraintes d’utiliser la voiture, restitution de l’économie de carburant routier et de l’énergie du chauffage des bureaux. Une évolution de SobriétéTracker serait le pilotage de certaines actions offrant un levier de flexibilité de la demande d’énergie, c’est-à-dire la capacité de baisser la demande par anticipation devant une offre de production variable. La sobriété énergétique n’implique pas une décroissance économique mais seulement une décroissance du marché de l’énergie en quantité qui peut être ciblée sur les fossiles alors que le prix de l’énergie aura tendance à augmenter. Quoi qu’il en soit, la décroissance de la quantité d’énergie est inscrite dans la SNBC. Par ailleurs, les chantiers de rénovation thermique, d’électrification des transports et de construction de parcs éoliens et installations solaires vont générer de l’activité dans tous les territoires et donc de la croissance. (1) https://www.rte-france.com/default/page/index.html (2) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numeriqu…
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