Publié le 10/01/2023 - 08h23
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J - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)
Une proposition importante manque dans la liste et je me permets de la formuler de la manière suivante : la construction de nouvelles centrales nucléaires n’est pas nécessaire. Les anciennes centrales doivent être arrêtées au fur et à mesure, par exemple 1-2 réacteurs par an, en commençant avec les réacteurs les plus dangereux. Nous sommes entrés dans le processus d’une transition technologique : la production d’énergie nucléaire, technologie des années 1970 et 1980, a perdu depuis les années 2010 son dernier avantage sur les énergies renouvelables : son prix moins élevé. Aujourd’hui les écarts de coût de production se creusent de plus en plus à l’avantage des énergies renouvelables, une tendance qui se poursuivra dans les décennies prochaines. Ainsi la liste, probablement incomplète, des inconvénients de l’énergie nucléaire pourra être dressée de manière suivante : 1. Prix : la production de l’énergie nucléaire est plus chère que celle des énergies renouvelables (déjà aujourd’hui à hauteur d’un facteur 3). Certains coûts sont déplacés sur les générations futures (déchets, démantèlement). 2. Dépendance : les centrales nucléaires nécessitent du combustible qui est majoritairement acheté à l’étranger, souvent dans des zones politiquement instables. Par ailleurs, ces ressources sont limitées et les zones autour des mines sont souvent contaminées. 3. Risque non assuré : le risque d’une catastrophe nucléaire n’est ni assuré, ni assurable. La population française (et celles des nations voisines) doit porter seule les conséquences d’une telle catastrophe. 4. Déchets très toxiques et dangereux : une petite partie de ces déchets (par exemple, le Plutonium) est tellement toxique, que la production d’une année peut tuer plusieurs fois toute l’humanité. La gestion de ces déchets restera problématique indépendamment de la méthode de son traitement. 5. Intermittence : les énergies renouvelables sont souvent dénigrées comme étant des sources d’énergie intermittentes. Mais la situation actuelle montre la problématique de l’intermittence de l’énergie nucléaire : en 2022 pendant plusieurs mois la moitié de la capacité de production nucléaire était à l’arrêt. Cet arrêt n’était, au moins partiellement, pas prévisible, s’agissant d’une réalisation du risque des défauts de série. Mais il montre aussi la fragilité de la production nucléaire face aux crises, en l’occurrence celle de la crise sanitaire du Covid. La production d’énergie renouvelable est certes oscillante, mais parfaitement prévisible sur un ou deux jours, et n’est jamais inexistante en raison de l’effet du foisonnement (les variations des productions individuelles dans une région se compensent en partie), mais aussi grâce à l’hydroélectricité et aux interconnections. 6. Vulnérabilité : les centrales nucléaires sont des cibles privilégiées pour des attaques terroristes, mais aussi militaires : Greenpeace a démontré la facilité avec laquelle les bassins de refroidissement des vieux combustibles peuvent être attaqués. Et le conflit autour de la centrale de Zaporijjia montre la fragilité des centrales nucléaires dans un conflit militaire, sans parler d’une attaque avec des armes modernes, comme des missiles hypersoniques. En revanche, les éoliennes et centrales photovoltaïques sont difficiles à attaquer, car distribuées sur tout le territoire français. 7. Lenteur du déploiement : les nouvelles centrales nucléaires ne peuvent pas jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique, car elles seront mises en service trop tard. La capacité des énergies renouvelables peut être rapidement augmentée, surtout si on débride le développement de ces ressources, bien sûr sans négliger le respect des meilleurs pratiques. Vu tous ces inconvénients des nouvelles centrales nucléaires, l’investissement dans ce moyen de production ne me paraît pas une position tenable, aussi je m’interroge la raison pour laquelle la concertation est étonnamment orientée dans ce sens. La question présente devrait être formulée d’une manière beaucoup plus ouverte, le rappel de l’annonce de notre Président n’a pas sa place dans le cadre d’une concertation indépendante. De même la référence récurrente au rapport de RTE, 100% filiale du seul acteur nucléaire en France, est à remettre en question, travail que les Garants de la concertation ne manqueront certainement pas de faire.
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