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Publié le 13/01/2023 - 10h37

Charles MILLIAT

  • B- Que l’Etat (et donc le contribuable) contribue à sécuriser les investissements dans les capacités de production d’énergie bas carbone, via des mécanismes de soutien public permettant par exemple de garantir le remboursement de l’investissement (renouvelable comme nucléaire), mais aussi des prix moins élevés pour le consommateur (sans toutefois que l’Etat ne joue de rôle pour les consommateurs).

Comme dans les années 1970 à 1990 et conscient que la sécurité d'approvisionnement électrique permet seule à notre société d'exister, l'Etat se doit de sécuriser les investissements nécessaires pour les capacités de production électriques bas carbone et pilotables. Noter qu'il n'en a rien couté à l'Etat à cette période, EDF ayant à la fois assuré le financement par l'emprunt et pleinement maitrisé l'ensemble des chantiers. Je me souviens qu'à cette époque l'Etat et EDF ne se rencontraient qu'une ou deux fois par an pour convenir du tarif de l'électricité, la maitrise de l'outil industriel incombant pleinement à EDF sans aucune intervention de l'Etat. Le rôle d'EDF s'apparentait à un service national et c'est vers un tel schéma qu'il serait prudent de revenir pour échapper au court-termisme du monde politique, enferré trop souvent dans le politicien plus que dans la politique au sens noble du terme. Ce monde politique a commis au cours des décennies passées des fautes lourdes (il ne s’agit en aucun cas d'erreurs !) dont on peut citer les plus beaux fleurons : - Arrêt de la centrale surgénératrice de Creys-Malville sans aucun motif technique et dans le seul but de récupérer les voies des électeurs écologistes. Ayant personnellement participé aux essais d'ensemble de cette centrale, je suis particulièrement bien placé pour témoigner de ce fait invraisemblable. - Lancement du projet EPR avec les Allemands alors que le but ultime de ce partenaire était la mise à bas du nucléaire français et d'EDF. Hors à cette époque EDF avait dans ses cartons un projet abouti, REP2000, équivalent de l'EPR. Au final les Allemands se sont retiré de ce projet qu'ils avaient semé d'embuches techniques qu'EDF a du assumer seul et à ses frais. - Perte de compétence de construction par arrêt des projets nouveaux depuis plus de 2 décennies. Imagine t'on Renault ou Airbus s’arrêter de produire pendant 20 ans et reprendre comme si de rien n'était !!! - Nouvel accord électoral de 2012 conduisant à la loi de transition énergétique pour la croissance verte comprenant la fermeture d'environ 15 réacteurs nucléaires, avec Fessenheim en tête de liste pour aller à l'échafaud à titre de symbole. Fessenheim sera effectivement fermé en 2020, soit 2 ans avant que la crise énergétique éclate durablement. Cette centrale était en parfait état de marche et capable de servir le pays pendant à minima 2 décennies. Dans le même temps on a mis à l’arrêt définitif la quasi totalité des centrales thermiques à combustible fossile (environ 10 GW de puissance installée) qui auraient pourtant été bien utiles pour passer les pics de consommation. Conséquence on importe de l'électricité d'Allemagne faite avec du charbon, parfois avec de la lignite. Il suffit de comparer le taux de CO2 de l’électricité allemande avec celui de la France pour convenir que l'attitude Française consiste à laver plus vert que vert alors que les Allemands ne s’embarrassent aucunement de la préoccupation environnementale. Une fois de plus nous sommes les dindons de la farce et nous n'avons à nous en prendre qu'à nous-mêmes. - Adhésion de la France au marché européen de l'énergie avec mise en place de l'invraisemblable dispositif de l'ARENH. Dans cette honteuse situation, on reconnait l'influence des Allemands et de leurs représentants dans les hautes sphères dirigeantes de l'UE, mais tout cela s'est fait avec la complicité des représentants et dirigeants français. La sortie du marché Européen de l'Energie est indispensable puisqu'il n'y a des stratégies totalement opposées entre les principaux pays, pas seulement sur le domaine énergétique. L'Europe politique est devenue une chimère à laquelle la France semble bien seule à s'accrocher malgré les spoliations qu'elle subit. - Arrêt sans concertation du projet ASTRID de nouveau réacteur surgénérateur dans la lignée de Creys-Malville. La France avait dans ce domaine plusieurs décennies d'avance sur ses concurrents; Aujourd'hui elle est en retard tout les pays concepteurs et constructeurs de reacteurs (USA, Chine, Russie, Japon, Corée du Sud).