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Publié le 14/12/2022 - 19h38

esartori

  • C - Que l’Etat joue un rôle central, pour les consommateurs comme pour les producteurs, avec un rôle redistributif. Il s’agirait de répartir le plus justement possible soit les coûts lorsque le financement de nouveaux moyens de production n’est pas rentable, soit les bénéfices lorsque les installations existantes produisent de l’énergie vendue ensuite à des prix élevés.

Les investissements dans le nucléaire doivent être sécurisés. Un des principaux facteurs de coûts du nucléaire est la rémunération de l’investissement- pour un projet comme Hinkley Point, cela représente près des deux tiers du coût total. Ainsi, le coût du kilowattheure de l’EPR d’Hinkley Point est divisé par 2 quand le taux d’actualisation passe de 10 % à 3 %. Ces coûts de financement peuvent être très considérablement réduits par l’accés à des prêts à taux réduit, dans le cadre des mécanismes de financement de la transition énergétique, par des garanties d’Etat et par des formules de financement répartissant mieux le risque, telles les bases d’actifs régulés (RAB, Regulated Asset Based). L'Etat a donc un rôle considérable à jouer dans l'investissement et la régulation de la production de façon à assurer une énergie abondante et à coût le plus faible possible, afin de réussir une indispensable transition climatiquement efficace, économiquement soutenable et socialement juste Parailleurs, un mécanisme tel que l’ARENH (Accès Régulé au Nucléaire Historique) par lequel EDF devait vendre une partie significative de sa production (environ un tiers) à prix coûtant à ses nouveaux concurrents, lesquels pour la plupart n’ont pas investi dans de nouvelles productions, ce qu’ils étaient censé faire doit disparaitre En diminuant les capacités d’investissement d’EDF, ce mécanisme a participé à la situation actuelle de tension pour la fourniture d’électricité. L’Arenh était une mesure temporaire (devant s’arrêter à 2025) , son échec complet prouve l’inanité de ce type de mesure, d‘autant que certains distributeurs alternatifs l’ont utilisé pour revendre sur le marché de gros au détriment de particuliers à qui ils étaient censé garantir des tarifs abordables. La France et l'Europe pourraient prendre exemple dès maintenant sur le volontarisme duprogramme américain proposé par l"administration démocrate Biden. . L'IRA ((Inflation Reduction Act )prévoit un budget de 30 MDS de dollars pour le nucléaire, crée des crédits d’impôts incitatifs pour la prolongation des centrales existantes et transforme les avantages fiscaux actuels pour les énergies renouvelables en avantages technologiquement neutre pour toutes les énergies décarbonées. Il importe aussi de veiller à l'opposition dogmatique au nucléaire de certains Etats et de certains partis politiques Européens. Il a fallu organiser et mener à l’échelle européenne un long combat de près de trois ans pour obtenir l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte européenne, qui a notamment mobilisé 20 syndicats de 10 pays de l’UE, avec les syndicats français de l'énergie comme éléments moteurs ( particulièrement la CFE-CGC) . Un texte de compromis a été obtenu, mais une vigilance constante reste indispensable . Ainsi, l ’accessibilté du nucléaire aux fonds mobilisés par Repower EU, pourtant votée par le Parlement, semble être remise en cause lors du trilogue.