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Publié le 16/12/2022 - 08h40

Philippe A

  • A - Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets

Les projets hydroélectriques ont des impacts très significatifs sur l'ensemble des écosystèmes et dont encore aujourd’hui qu’une infime partie des impacts écologiques n’est connue. Il peut être cité à titre d’exemple l’absence totale de quantification de l’impact sur la salinité et sur la minéralogie des eaux océaniques causée par la rétention des sédiments dans les barrages. Alors que les éléments minéraux sont à la base de la structure cellulaire des microorganismes marins et constituent le début de la chaîne alimentaire. La chute brutale du plancton et des populations se sardines entraînant pauvreté et famine dans le golfe du Nil suite à la mise en service du barrage d’Assouan en est un exemple probant. Par ailleurs, à plus petite échelle, les impacts sur les migrations de populations piscicoles des aménagements hydrauliques ne sont absolument pas quantifiés de manière globale et les quelques aménagements de bonne conscience tels que passes à poissons ne servent à rien. Les comptages le prouvent et sur le temps longs. L’appauvrissement des populations piscicoles et un fait. Ensuite, la modification à la forte baisse du lit des rivières alors que le lit mineur n’a pas le temps de s’adapter détruit intégralement tout forme d’habitat pour la biodiversité marine : la baisse du débit générée des faibles lames d’eau en périodes estivales qui sont de plus en plus longues et chaudes favorisant : eutrophisation, dégradation de qualité d’eau globale (chute de l’oxygène dissout) et désorganisation des interfaces entre et au sein des populations animales et végétales. Le périodes de crues générées par les ouvrages hydrauliques ont des profils qui ne ressemblent en rien avec des profils de crues, notamment sur la durée : une crue naturelle a un pic qui fait des dégâts sur un temps court et dont limités alors que la vidange d’un barrage (autorisée avec un débit de pointe proche du débit de crue naturelle) dure sur un temps assez long pour entraîner des dégâts structurels et systémiques sur l’écosystèmes. De plus, la mise en place d’un ouvrage appelle des compétences humaines en exploitation et maintenance d’ouvrages complexes et spécifiques qui doivent intégrer aussi une approche environnementale. Qu’en sera-t-il des compétences d’ingénierie en maintenance et exploitation d’une microcentrale située dans une petite vallée alpine dirigée par un maire bénévole dont la mairie ne comporte que quelques employés municipaux ? Alors ce seront des grands groupes industriels qui dirigeront ces installations à distance avec des tournées d’opérateur de passage quelques jours par mois ? Et enfin, créer et exploiter des ouvrages impactant l’environnement, c’est se donner la possibilité de les contrôler par une DREAL ou une DDT ou autre services de l’état compétents et aux moyens suffisants. Et ce n’est pas le cas, les moyens de contrôle de l’état sont réduits d’année en année et les compétences des services s’effondrent. Dernier exemple en date : la vidange du barrage du Pont Baldy sur la commune de Briançon en mars 2022 ou l’opérateur ESDB ne suit pas les préconisation de la DREAL et cette dernière ne fait rien. Sans les pêcheurs (population fortement opposée aux aménagements hydrauliques), la catastrophe aurait été pire et la DREAL n’a rien gégé en anticipation. Bref : détruire l’environnement à des fin d’intérêts très limités (la puissance hydroélectrique ne résoudra en rien l’enjeu de transition énergétique), générée des impacts environnementaux systémiques encore méconnues relève d’un mode d’action du XXème siècle. Notre temps est précieux, les actions à mener doivent conduire à n’avoir QUE des actions aux impacts maîtrisés, connus, surveillables et contrôlés. Philippe A, pêcheur, ingénieur du Service Public, experts dans les domaines de l’eau et des énergies bas carbone.