Publié le 16/12/2022 - 20h59
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A - Une centrale de production d’électricité nucléaire
Si l'objectif qui fait consensus est bien de limiter les émissions de CO2, les contributions récentes des experts en ressources minières comme Aurore Stéphan, Philippe Bihouix et quelques autres alertent sur le fait que l'extraction et le raffinage de la quantités beaucoup plus importantes qu'aujourd'hui de métaux dits "rares" (et pas que les Terres Rares au sens de la table de Mendeleïev), pour satisfaire les scénarios basés majoritairement (voire exclusivement) sur des énergies dites "renouvelables" fatales, et les systèmes de stockage et gestion qui leurs seront inévitablement associés, pourraient en réalité se révéler plus émetteurs de CO2 que les énergies fossiles actuelles. En effet, des moyens de production électrique comme les éoliennes et le photovoltaïque, ainsi que les moyens de stockage techniquement maîtrisés à ce jour (batteries) nécessitent une telle quantité de ces métaux "rares" par Kwh produit tout au long de leur vie, que les émissions de CO2 générées par le processus permettant de passer de la mine à la mise à disposition des fabricants de matériaux raffinés vont finir par être supérieures à celles économisées lors de l'exploitation de ces moyens de production. Ces émissions de C02 sont principalement dues aux engins de chantier lourds dans les mines, qui ne seront jamais électrifiables compte-tenu de leur puissance, surtout au processus de broyage pour les même raisons, et aussi au raffinage quand il est réalisé dans des pays comme la Chine, dont l'électricité est très majoritairement issue du charbon. Le "vont finir" est une échéance qui dépendra tout simplement de la pression minière : plus on voudra un scénario de déploiement d'éolien/solaire/batteries rapide à l'échelle mondiale, plus vite on épuisera les gisement miniers à teneur métalliques encore hautes (toutes proportions gardées, puisque on est dans l'ordre du un pour mille, voire beaucoup moins pour certains métaux). Et donc, plus les émissions de CO2 pour l'extraction et le raffinage vont augmenter, jusqu'à ce que le bénéfice CO2 soit nul. Le CO2, comme le nuage de Tchernobyl, ne s'arrêtant pas aux frontières de la Chine, sous-traiter à ce pays la production de matière premières voire des systèmes entiers ne nous donnera qu'une bonne conscience de façade. Et pour cette raison, il est trompeur d'appeler éolien et solaire des énergies "renouvelables", puisque elles sont limitées par les matériaux disponibles pour leur construction. D'où les scénarios moins manichéens qui commencent à être un peu plus mis en lumière depuis quelques mois seulement : un mix de quantité raisonnable de moyens non pilotables à très faible densité énergétique par Kg de matériaux que sont éolien et solaire, et une part pilotable à très forte densité énergétique telle que le nucléaire. En tout cas dans les pays qui en ont encore les compétences, l'écosystème industriel et la stabilité politique.
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