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Publié le 17/01/2023 - 14h05

stinkwolf

  • A - Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets

Contrairement à nos engagements européens, moins de 50% de nos cours d'eau sont en bon état et, pour une grande partie d'entre eux, les raisons en sont leur cloisonnement, les perturbations dans le transport des sédiments , dans la morphologie de leur lit et dans l'hydrologie. Achever l'équipement hydroélectrique des cours d'eau par la multiplication d'usines au fil de l'eau de petite taille, en grande partie, privées, n'apporterait qu'une contribution énergétique couteuse (3 fois plus chère que le photovoltaïque en parc par exemple), dérisoire ( pas plus de 5% de production hydroélectrique supplémentaire soit environ 0,6% de la production électrique nationale actuelle), menacée par la baisse généralisé des débits et leur forte variabilité aux échelles inter et intra-annuelle, entrainées par l'évolution du climat : l’année 2022 résonne de ce point vue comme un avertissement strident. Une artificialisation accrue de nos cours d'eau et de leur régime hydraulique empêcherait définitivement de rétablir dans notre réseau hydrographique les conditions qui lui permettront d'héberger la biodiversité aquatique à l'heure du changement climatique. L'amélioration de l'existant et, en particulier, des 400 usines concédées appartenant au domaine public hydroélectrique, est susceptible d'apporter, par leur suréquipement, une puissance supplémentaire comprise entre 1000 (d'après le Syndicat des Énergies Renouvelables) et 3000 MW (d'après les propositions des exploitants rapportés dans le SDAGE 2010-2015 des bassins Adour Garonne et Rhône Méditerranée) à laquelle il faudrait ajouter 5 points (et plus) de rendement par la simple modernisation de l’existant à niveau d’équipement constant. Ces 400 unités représentent 90% de la production hydroélectrique et 100% de la production hydroélectrique pilotable. Au contraire de la petite hydraulique au fil de l'eau, ces améliorations contribueraient à augmenter les capacités de "pilotabilité" de la production hydroélectrique, qui faciliterait l'injection massive d'électricité issue de sources renouvelables réellement nouvelles ( PV et éolien par exemple) en compensant leur variabilité intrinsèque de production. La modernisation de ce parc qui a en moyenne plus de 60 ans d'âge permettrait ainsi à la fois de lui permettre de mieux répondre aux exigences de la transition énergétique et de réduire son empreinte sur l'environnement aquatique naturel. Malheureusement les gouvernements français successifs se sont montrés incapables pendant plus de 10 ans et jusqu’à aujourd’hui de résoudre la question du renouvellement de ces 400 concessions qui constitue le point de blocage principal à leur modernisation. L’urgence climatique pourrait accréditer le devoir illusoire de saisir toutes les opportunités pour "décarbonner" notre économie. L’immensité de la tâche et le caractère intrinsèquement limité de nos forces traduit dans les contraintes de financement, plaident au contrainte pour une très grande sélectivité des investissements en visant ceux qui conjuguent l’efficacité et la robustesse face aux incertitudes de l’avenir avec le maintien des grands équilibres naturels garantissant la soutenabilité des développements humains futurs. La réponse C est une réponse reposant sur une profonde méconnaissance de l’état de nos cours d’eau et qui surestime la contribution énergétique que pourrait apporter un développement extrême de l’hydroélectricité au-delà de toute rationalité économique sans même compter la contraction inéluctable de cette contribution sous l’effet du changement climatique (voir supra). La réponse B pourrait paraitre rationnelle mais en promouvant les nouveaux projets sur des sites «dont le potentiel est significatif », elle adopte l’énergie comme seul critère de sélection et s’assoit ainsi sur l’objectif de conservation de la biodiversité. Il ne reste donc plus que la réponse A qui soit acceptable à laquelle on pourrait toutefois admettre l’équipement des rares sites de « sensibilité environnementale quasi nulle ».