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Publié le 17/11/2022 - 08h57

Michel42

  • A - La relance d’une politique électronucléaire globale et d’ampleur (mise en œuvre des trois piliers de Belfort), comparable à celle des années 1970 et 1980

  • E - L’installation de nouveaux réacteurs nucléaires en priorité sur des sites de production d’électricité nucléaire existants

  • I - Le maintien d’une politique de R&D visant à développer de nouvelles technologies de réacteurs

La formulation du point A me semble beaucoup trop limitative. La relance d'une politique électronucléaire globale et d'ampleur ne saurait se limiter aux "trois piliers de Belfort". Ces "piliers" s'inscrivent dans le cadre légal de la loi de transition énergétique. Sur le plan électrique elle se fonde d'abord sur des besoins de consommation qui, selon les avis des académies des sciences et des technologies, qui sont sous-estimés. Elle se fonde ensuite sur des limites de puissance installée électronucléaire (63 GW) et de part du nucléaire dans la production (50 %) qui n'ont aucun sens puisqu'une politique énergétique (en l'espèce : électrique) doit se fonder sur des obligations de résultat et non de moyens. Et au surplus, au delà d'une sous-estimation chronique de la consommation nationale d'électricité (en aspirant de façon irréaliste à une sobriété énergétique fantasmée), ces prévisions ne prennent pas en compte un objectif d'exportation d'électricité abondante, décarbonée, pilotable et compétitive à nos voisins. Pourtant sur ce dernier point produire de l'électricité c'est du champ de l'industrie. Développer la production d'électricité ainsi définie c'est réindustrialiser le pays. C'est potentiellement réduire notre déficit commercial avec nos voisins membres de l'UE (la France, selon Eurostat, est, et de loin, le pays qui présente le déficit commercial intra-UE le plus grand parmi les membres). Tout devrait pousser (souveraineté énergétique, développement d'un emploi qualifié, développement des exportations, réduction des gaz à effet de serre), à un programme électronucléaire beaucoup plus ambitieux que celui annoncé par le Président de la république dans son arbitrage au sein de sa fourchette [0%, 50%[ de nucléaire. La politique de Belfort va nous conduire à une production nucléaire de l'ordre d'un tiers de notre consommation alors que l'objectif devrait être de dépasser les trois-quarts, en fermant, qui plus est le cycle du combustible avec la quatrième génération, ce qui nous donnera des siècles de souveraineté en matière de combustible avec le stock stratégique d'ores et déjà de 350.000 tonnes d'uranium appauvri (combustibles "usés" par nos première décennies de nucléaire par fission) - 350.000 tonnes ~ 35.000 m3 = 100 m x 50 m x 7 m (soit un terrain de foot sur sept mètres de haut : nous sommes loin des fantasmes sur les volumes de déchets nucléaires). Nous devons aussi nous projeter sur le temps long. Certes, du fait des politiques désastreuses conduites durant ces quinze dernières années, nous avons des décisions court terme à prendre qui ne sont pas des plus agréables le temps de la transition pour effacer ces erreurs (ces fautes). Mais il ne faut pas s'arrêter dans notre horizon à 2035 ou 2040... Notre objectif n'est pas que l'équilibre carbone à horizon 2050... il est quand même de définir que nos enfants et petits-enfants puissent vivre encore mieux que nous le faisons, ce qui est possible contrairement aux discours prophétiques apocalyptiques. C'est donc une politique long terme, horizon minimum 2060 qu'il faut mettre en oeuvre dès maintenant. Nous devons savoir où nous voulons aller, pas simplement un message du genre "mettre un pied devant l'autre puis recommencer". Indéniablement, pour celles et ceux qui ont une culture scientifique et technique, l'énergie atomique est le meilleur atout que nous ayons aujourd'hui pour assurer une production d'électricité abondante, propre, économique, durable. Notre pays, contrairement à d'autres à la chance (grâce aux choix de nos anciens) de pouvoir construire cet avenir. Ne laissons pas passer notre chance.