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Publié le 17/12/2022 - 18h08

François Darnieaud

  • A - La relance d’une politique électronucléaire globale et d’ampleur (mise en œuvre des trois piliers de Belfort), comparable à celle des années 1970 et 1980

  • H - Le maintien de filières de gestion des déchets nucléaires sûres et dimensionnées de manière adéquate pour assurer la prise en charge définitive de tous les déchets nucléaires occasionnés par la production d’électricité

  • I - Le maintien d’une politique de R&D visant à développer de nouvelles technologies de réacteurs

Le nucléaire réunit les exigences de décarbonation et de pilotabilité. Par ailleurs il mobilise peu d’espace par rapport à la puissance produite, le combustible uranium entre pour une faible part dans le coût du KWh produit, nos fournisseurs d’uranium sont suffisamment sûrs et diversifiés et nous avons présent sur notre sol assez d’uranium pour couvrir trois ans de consommation. Malheureusement depuis la fin de la construction du parc actuel, nos gouvernements successifs se sont appuyés sur la rente nucléaire pour saigner toujours un peu plus EDF et n’ont rien engagé pour le renouvellement de ce parc. Cette action, si elle est réellement engagée sans tarder, ne portera de fruits que dans 15 ans au mieux. Tenir d’ici là nécessitera de s’appuyer sur des analyses sérieuses écartant tout dogmatisme. Dans ces circonstances il faudra bien s’appuyer sur du renouvelable intermittent (éolien et solaire), plus rapide à construire, adossé à l’hydraulique et à des centrales fossiles (gaz et charbon). C’est douloureux mais c’est le prix de notre inconséquence. Un point reste à préciser : l’avenir à long terme. Là aussi la doxa règne encore, laissant penser que le nucléaire ne servirait qu’à faire la transition vers un âge d’or du tout renouvelable. C’est une illusion, les énergies renouvelables sont diffuses, ce qui en d’autres termes signifie qu’elles occupent trop d’espace par KWh fourni. Il faudrait mailler notre territoire avec un réseau d’une éolienne tous les kilomètre pour fournir la puissance nécessaire (quand le vent veut bien souffler). Seul le nucléaire peut assurer notre avenir à long terme. Encore faut-il dans ce cas se préoccuper de la ressource en combustible. La filière actuelle utilise moins de 1% de l’uranium extrait du sol. Le reste, l’uranium 238, est stocké. Il se trouve que la technologie pour utiliser ce stock prodigieux existe. La France a été en avance sur le reste du monde jusqu’à l’arrêt pour cause idéologique du prototype Superphénix. Le projet Astrid visait à nous replacer dans la course, il a été arrêté pour des raisons incompréhensibles. Cet arrêt là aussi représente une faute lourde qui hypothèque notre avenir à long terme. Une filière à neutrons rapides, même si la technologie existe, ne se décrète pas du jour au lendemain. Indépendamment du temps de construction des installation (réacteurs et usines de retraitement) il faut du temps pour mettre en place un équilibre entre consommation de combustible et production par surgénération. Le projet Astrid doit être relancé, et s’insérer dans une planification de long terme.