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Publié le 18/01/2023 - 13h27

NicolasSE

  • D - La garantie – au maximum – de notre indépendance énergétique et industrielle, en assurant autant que possible notre autonomie sur les composants, les technologies, les filières industrielles et les matières premières (acier et terres rares pour les éoliennes, modules photovoltaïques pour la production solaire, métaux critiques pour les batteries électriques, etc.) et les combustibles (uranium pour le nucléaire)

  • E - La minimisation du coût global du système électrique (moyens de production, moyens de flexibilité et de stockage, évolution des réseaux) pour conserver un prix de l’électricité compétitif pour les consommateurs

Dans un monde en transition où les usages s’électrifient de manière intense et rapide, la demande en production d’électricité va doubler d’ici 2050. Pour accompagner cette transition, toute source d’énergie verte sera utile pour éviter l’usage d’énergies fossiles et diversifier le mix de production électrique. L’énergie osmotique, connue depuis les années 1950 mais encore à ce jour inexploitée car trop chère, représente une opportunité unique d’atteindre cet objectif tout en préservant la souveraineté énergétique et industrielle de la France. Cette énergie permet d’exploiter les différentiels de salinité entre l’eau douce et l’eau salée pour produire de l’électricité verte, sans carbone, de façon permanente et pilotable. De ce fait, l’énergie osmotique permet de pallier les lacunes relevées dans certains scénarios de l’étude du RTE, à savoir le rythme de développement modéré des énergies renouvelables, leur manque de flexibilité et l’intermittence à laquelle elles sont soumises. Massivement présente dans les estuaires de la planète, les réactions électrochimiques issues des différentiels de salinité sont aussi exploitables dans beaucoup d’autres domaines d’applications, par exemple dans les récupérations de chaleurs perdues (notamment refroidissement des centrales nucléaires) ou la production d’hydrogène vert en couplant le système à un électrolyseur. En France métropolitaine, la capacité installable dans les estuaires des principaux fleuves se situe aux alentours de 1,2 GW (pour environ 11 TWh/an de production). S’ajoute à cela le potentiel de l’Outre-mer français et notamment de la Guyane dont le potentiel avoisine les 17 TWh/an de production, soit une capacité installable de 1,95 GW. Le RTE souligne aussi dans son étude que « Les scénarios à très hautes parts d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050. ». Or, développer l’énergie osmotique n’est plus un « pari technologique lourd », mais bien une réalité, grâce à la maturité de la technologie issue de la recherche française (CNRS) et brevetée par la start-up Climate-tech / Deep-tech française Sweetch Energy. Actuellement en phase de développement industriel en France, des partenariats avec la Compagnie Nationale du Rhône ou encore EDF Hydro attestent de la concrétisation de la production d’électricité par énergie osmotique. A titre d’exemple, une première centrale pilote osmotique sera installée sur le delta du Rhône dans le courant de l’année 2023. A terme, plus de 4 millions de MWh pourraient être produits à un prix compétitif chaque année sur le delta du Rhône grâce à l’énergie osmotique, soit la consommation annuelle des habitants de la ville de Marseille. Non seulement cette énergie est désormais exploitable, mais elle est également compétitive. Constituée de matériaux biosourcés et disponibles localement, la nouvelle génération de membranes utilisées dans les centrales osmotiques permet une performance 25 fois plus élevée que les précédentes technologies pour un coût entre 5 et 10 fois inférieur. Ainsi, le coût de l’électricité produite grâce à cette nouvelle technologie française s’élèverait à 150 € du MWh dès sa première année de commercialisation, avec un objectif de réduire ce coût de moitié au bout de 10 ans. Le développement massif des énergies renouvelables est essentiel pour guider la diversification à long terme du mix énergétique de la France en 2050. Miser sur l’énergie osmotique permettra d’atteindre cet objectif, à condition de créer le cadre réglementaire propice à la construction de cette nouvelle mais prometteuse filière industrielle française.