Publié le 18/01/2023 - 18h11
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F - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)
Est-il possible de réconcilier la décarbonation de la société avec la croissance économique et sociale ? En obéissant aux lois qui gouvernent l’économie : - 1ère loi révélée par la Révolution industrielle : il n’y a pas de richesses à distribuer sans croissance économique ;. - 2nde loi révélée par la Révolution industrielle : il n’y a pas de croissance économique sans croissance de la consommation d’énergie ; l’une ne va pas sans l’autre. La preuve en est apportée par l’économie haïtienne, meilleure élève de la planète au regard de la COP21 : moins d’une tonne de CO2 émis par an par habitant dont moins de 500 kg d’origine fossile contre 6,8 t en France en 2019. Ce constat est partagé par M. Jancovici (AN - 2 novembre 2022) : « Dans un monde dans lequel nos moyens physiques sont en décroissance, nous ne savons pas si le scénario énergétique est toujours réaliste. Même les scénarios de sobriété, tels que les scénarios Transition(s) 2050 de l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) contiennent de la croissance économique, ce qui témoigne d’une contradiction. » Et le président de la FTPE Antilles Guyane Alan Nagam dans la revue Hors-les-murs de juin 2021 : « À plus de 6 000 km de l’Europe, les Antillais ont le privilège du recul indispensable pour observer la politique de transition énergétique. Vue des hauts de Basse-Terre, la croissance verte signifie décroissance. Loin du tempo d’une Europe qui a joui à plein de la Révolution industrielle, d’une Europe qui focalise sur l’urgence climatique. Combien d’esprits « éclairés » s’y nourrissent de vertu décroissante pour assurer une généreuse rente aux chasseurs de prime de l’énergie fatale et abandonner les populations périphériques et ultrapériphériques à leur sort de déshérités ? » 1. Les « actions en matière d’efficacité énergétique » réduiront-elles nos consommations ? Le paradoxe contre-intuitif. de Jevons énonce qu'à mesure que le progrès technique accroît l'efficacité avec laquelle l’énergie est utilisée, sa consommation totale augmente au lieu de diminuer. Les économies d’énergie sont loin d’être encouragées, bien au contraire. La seule sobriété à promouvoir est la sobriété carbone. Les véritables économies d’énergie n’existent que par des contraintes externes : dépressions économiques, guerres, chocs énergétiques (pétroliers et depuis 2021, électrique) et impôts sur l’énergie, tous rongent aveuglément le pouvoir d’achat des populations et pénalisent les plus précaires.. Le débat public ne peut soumettre à l’appréciation du citoyen, l’unique alternative entre Charybde, un avenir de restrictions (le temps de la rigueur est arrivé) et Scylla, un avenir de collapse climatique (la fin du monde est proche). Les attendus présentés au débat public débouchent sur une stratégie vouée à l’échec. Une stratégie du déclin serait le seul avenir que l’État offre comme perspective au pays. De là, à diffuser un vaste « ressenti » de déclassement au sein de la population, la route est courte. Une conclusion s’impose : aucune des branches de cette alternative n’est politiquement viable. L’avenir énergétique de la France convient les Français à « s’unir dans l’action, le sacrifice et l’espérance » pour concilier la transition énergétique et la croissance économique. Même le slogan, répété à l’envi, ne rencontrerait pas l’adhésion populaire s’il était aménagé en : « La sobriété énergétique est notre avenir, économisons-la. ». A. Le retour d’expérience Le document de présentation du débat public précise : « L’étude « Futurs énergétiques 2050 » constitue un élément structurant et indispensable pour les décisions qui devront être prises dans les prochains mois. » Les Futurs énergétiques 2050 sont présentés le 25 octobre 2021 sous forme de scénarios de mix de production permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Le 25 octobre 2021, la résorption du choc énergétique a priorité sur l’urgence de la lutte contre les causes anthropogènes du changement climatique. Le débat ne se limite pas aux options du gestionnaire de réseau électrique RTE. Celles-ci sont établies à partir du rapport AIE/RTE, demandé par le MTE (sans que le cahier de ses charges techniques ait été rendu public), du 27 janvier 2021 (voir« assets.rte-France.com ») : « Conditions and Requirements for the Technical Feasibility of a Power System with a High Share of Renewables in France Towards 2050 », sur lequel une analyse de risques à la fois sur la forme et sur le fond est à faire. 1. Sur la forme Ce document maître, une étude cadre, destiné à préciser la stratégie énergétique nationale n’est pas publié sous l’empire de l’ordonnance de Villers-Cotterêt. RTE n’explique pas cette anomalie. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) est une agence de l’OCDE dont les langues officielles sont la française et l’anglaise. Le choix de la publication d’un rapport fait pour les Français en anglais est certes la marque d’une grande ouverture d’esprit. En revanche, ne pas publier une VF de l’original peut être considéré comme irrespectueux pour les Français francophones qui s’intéressent au futur énergétique de leur pays. Au-delà, de cette première observation, RTE a lancé une campagne de débat public sur l’étude cadre, se gardant de passer par les procédures rigoureuses de la CNDP. Ce débat fut des plus brefs du 27 janvier au 5 mars soit 5 semaines. Contre toute éthique du débat public tel qu’établie par la CNDP, RTE a mis en ligne les contributions dans le plus parfait anonymat, sans solliciter l’autorisation de leurs 99 rédacteurs. Que valent sur le plan académique de telles contributions ? Rien. À quoi ont-elles servi à RTE ? Ces documents ont sans doute fait l’objet d’une analyse en interne. Mais RTE ne communique pas sur la prise en compte de telle ou telle observation, jugée pertinente, faite dans le cadre du débat organisé par ses soins.
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