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Publié le 18/11/2022 - 21h27

yvon t

  • J - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)

En cette période où se joue le destin de l’humanité, et où des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour signer un traité de non prolifération fossile, le nucléaire se voit paré de toutes les vertus. Alors dans le cadre de cette consultation sur le nucléaire il faut certainement rappeler quelques vérités oubliées : 1-Contrairement à ce que l’on entend trop souvent, le nucléaire n’est pas une énergie décarbonée, même si aucune étude objective n’a été menée sur l’empreinte carbone des centrales nucléaires tout au long de longue vie de la mine jusqu’au dernier démantèlement. 2-Le nucléaire est aussi une énergie fossile que la France doit importer (Cf Documentaire de France télévisions sur Arlit au Niger et Narbonne), ce qu’on oublie facilement en masquant la pollution des sites en Afrique ou en Europe de l’Est, lors de l’extraction des minerais, les conditions de travail, etc. Rappelons que la France, selon le Comité technique Euratom, importe 34,7 % de son uranium du Niger, 9,9 % d'Australie et ce que l’on sait moins 28,9 % du Kazakhstan et 26,4 % d'Ouzbékistan. Le nucléaire n’est donc pas une énergie strictement française, comme on voudrait le faire croire. 3-Le nucléaire n’est pas une énergie permanente mais intermittente, d’abord parce qu’il faut inclure le très long temps de la construction (largement supérieur à la mise en place des éoliennes offshore par ex.), d’autre part en raison de son indisponibilité structurelle, en raison de la mise aux normes suite à la catastrophe de Fukushima, du vieillissement du parc, des défauts affectant les cuves et circuits de refroidissement et enfin de l’impossibilité de refroidir les centrales quand les températures de l’eau s’élèvent, phénomène qui devrait s’accentuer avec le réchauffement climatique. Rappelons qu’aujourd’hui seules 26 centrales sont en activité sur un parc de 56. 4-Le nucléaire reste une énergie dangereuse. On oublie trop souvent que malgré les sécurités mises en œuvre par les constructeurs, un accident majeur est toujours possible, comme en Russie à Kychtym, à Three Miles Island, Tchernobyl ou Fukushima. Le risque zéro n’existe pas dans les entreprises humaines. Faut-il aussi rappeler les problèmes affectant l’EPR chinois de Taishan, finlandais de Olkiluoto ou celui de Flamanville (chargement de la cuve prévue à la mi 2023, soit 11 ans de retard, pour 12,7 milliards d’euros!). 5-Le nucléaire n’est pas une énergie rentable. Tout le monde sait maintenant que le prix du KWh solaire ou éolien est trois fois moins cher que celui du nucléaire (40 à 50 contre 120-130 MWh). Et même si actuellement les énergies renouvelables sont intermittentes, elle le seront de moins en moins à l’avenir (avec notamment l’off-shore) alors que le parc vieillissant des centrales nucléaires, ne sera jamais en fonctionnement à 100 %. Par il convient de rappeler que malgré les rapports de la Cour des comptes, personne n’a apporté de réponse complète et fiable permettant de chiffrer le coût du démantèlement des centrales nucléaires. Nous savons simplement que le démantèlement de Brennilis (petite centrale de 70 MW) coûte déjà à EDF de l’ordre de 600 millions d’euros alors que le réacteur lui-même n’est toujours pas démantelé… 6-Le nucléaire ne pourra pas être la réponse aux défis du réchauffement climatique, car la réponse en 6 EPR interviendra trop tard, sans doute pas avant 10-15 ans, soit à partir de 2035. Or à cette époque l’éolien off-shore, le photovoltaïque (et peut-être l’hydrogène près des éoliennes ou des champs de capteurs), mais aussi les économies d’énergie seront largement montés en puissance et rendront caducs certains choix actuels. 7-Enfin le nucléaire c’est le saut financier dans l’inconnu. La dette d’EDF évaluée à 44 Milliards d’euros pourrait atteindre les 65 milliards en fin 2022. A cela s’ajouterait 75 milliards pour le maintien en activité des centrales vieillissantes. De plus la construction de six nouveaux réacteurs mobiliserait 50 milliards d’euros d’investissement. Quant au démantèlement…. Dans ces conditions le rachat par l’État de 16 % des parts d’EDF augmentera de manière substantielle la dette de la France et peut à terme déstabiliser la France sur la scène internationale. Bien sûr il ne peut être question aujourd’hui de se passer du nucléaire. Pour autant, de manière très pragmatique, au fur et à mesure du développement des énergies renouvelables, et d’un programme très ambitieux d’économies d’énergie (notamment dans le logement dont la rénovation est largement sous-financée, mais aussi la mobilité verte, la transformation du modèle agricole...) des centrales devront être fermées (en commençant par les plus obsolètes), et sans construire de nouvelles car selon les économistes les écarts de coûts entre le choix de conserver le nucléaire ou d’en sortir restent très modérés (Cf. analyse de Négawatt de 2010 réactualisée, étude 2021 de RTE et de l’Agence internationale de l’énergie ou l’analyse de l’ADEME (100 % d’énergies renouvelables en 2050). Et si sortir du nucléaire ou y rester s’avère approximativement du même coût, faut-il encore parier sur une énergie plus dangereuse en laissant aux générations futures un problème majeur irrésolu qui s’ajoutera au réchauffement climatique ?