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Publié le 23/10/2022 - 12h18

p.michaille@orange.fr

  • B- Que l’Etat (et donc le contribuable) contribue à sécuriser les investissements dans les capacités de production d’énergie bas carbone, via des mécanismes de soutien public permettant par exemple de garantir le remboursement de l’investissement (renouvelable comme nucléaire), mais aussi des prix moins élevés pour le consommateur (sans toutefois que l’Etat ne joue de rôle pour les consommateurs).

La question est faussée car elle mélange deux notions : le prix de l'électricité sur le marché du jour, qui peut atteindre momentanément des sommets (1000 €/MWh) pour éviter un black out sur le réseau européen, qui se traduirait par des milliards d'euros de dépenses, d'une part ; le prix de l'argent pour des investissements lourds dont la rentabilité ne sera atteinte que plusieurs décennies après, d'autre part. Le prix sur le réseau européen au jour le jour est fixé par une règle simple : on appelle en priorité les sources bon marché et peu émettrices de CO2 (éolien, nucléaire), pour appeler progressivement les autres suivant leur ordre de mérite, jusqu'à faire appel à des sources carbonées (gaz, charbon) si l'hydraulique ne suffit pas à passer la pointe. Pour cela, le système existant avec RTE (réseau de transport d'électricité) est efficace et suffisant. Pour les consommateurs, des incitations existent déjà (tarifs de consommation adaptés à la disponibilité de la production) et pourront être rendus plus efficaces grâce au compteur communicant Linky. Au niveau de l'aide aux foyers modestes, la différence devrait se faire au niveau de la puissance souscrite, et non de l'énergie totale consommée ; par exemple, avoir des tranches tarifaires croissantes par tranches de 5 kVA, et croissant fortement au-delà de 15 kVA. Ne pas pénaliser la consommation répartie sur la journée permet de ne pas défavoriser les bas revenus, et facilite le travail à domicile. Pour ce qui concerne les investissements fortement capitalistiques (pour le nucléaire et les éoliennes en mer), c'est à l'Etat de garantir la rentabilité d'équipements dont la rentabilité requiert le temps long. La durée de vie d'une éolienne de 10 MW est de l'ordre de 30 ans, d'un réacteur EPR d'au moins 60 ans : ce sont des équipements dont l'investissement relève du bien public, et doivent être garantis comme tels. Les éoliennes terrestres, les champs de panneaux photovoltaïques, les petits réacteurs nucléaires pour la production de chaleur et d'électricité industrielles, relèvent quant à eux d'investissement locaux : les études économiques effectuées localement en concertation avec la population doivent en démontrer la rentabilité : prix de vente accepté par rapport au coût de production d'énergie, en tenant compte d'une taxe de 200 €/tonne de CO2 pour les modes de production carbonés en compétition.