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Publié le 28/10/2022 - 09h18

Jean-Georges Beauget

  • B - La compatibilité du mix énergétique français avec un scénario de réindustrialisation de la France, et notamment la compétitivité de ce mix énergétique

  • D - La garantie – au maximum – de notre indépendance énergétique et industrielle, en assurant autant que possible notre autonomie sur les composants, les technologies, les filières industrielles et les matières premières (acier et terres rares pour les éoliennes, modules photovoltaïques pour la production solaire, métaux critiques pour les batteries électriques, etc.) et les combustibles (uranium pour le nucléaire)

Aujourd'hui, l'arrêt temporaire de près de 50% du parc de production nucléaire fragilise le passage de l'hiver. Cette difficulté est temporaire, mais en 2035, malgré la mise en service prochaine de Flamanville, l'arrêt progressif de la moitié des réacteurs âgés de 50 ans aura définitivement réduit notre capacité de production à environ 32 GW, soit une situation identique à celle d'aujourd'hui. La prévision de 6 EPR² disponibles à la même époque apportera 10 GW dans un parc qui continuera à perdre environ 5 GW / an jusqu'en 2040. Avec le report des énergies fossiles vers l'électricité, les scénarios évoquant une baisse sensible de la consommation liée essentiellement à la sobriété énergétique sont peu crédibles. En fonction des temps de construction des EPR² évalués à 15 ans, la pénurie prévisible concernant le socle de production pilotable* indispensable pour assurer l'équilibre du réseau est encore évitable. Le lancement immédiat d'un plan de construction de réacteurs opérationnels dès 2038 associé à la prolongation à 60 ans d'une partie des réacteurs actuels permet encore de pallier le déficit d'environ 50 GW restant à compenser entre 2038 et 2050 (équivalent à 30 EPR²). Dans ce schéma, les mini réacteurs de 170 MW évoqués (projet Nuward disponibles vers 2035), pourraient intégrer ce plan pour des zones excentrées dans le maillage national. Sans garantir cette ressource majeure, notre réseau sera tributaire du vent, du soleil et des importations aléatoires et onéreuses issues des pays voisins. Faute d'énergie stable, on peut naturellement se préparer à voir une partie de notre industrie se délocaliser vers des espaces plus efficients. Des pays tels que la Chine et la Russie construisent sans relâche des réacteurs de 3ème et même 4ème génération (neutrons rapides et surrégénération). Quant aux énergies non pilotables issues du vent et du soleil, un développement raisonné et harmonieux est souhaitable, mais il doit rester proportionné aux contraintes environnementales générées, y compris les possibilités de démantèlement et de recyclage des ouvrages en et hors sol ou fonds marins. Ces énergies sont néanmoins particulièrement propices à la production de produits stockables tels que l'hydrogène, où la stabilité et la constance de la fourniture ne sont pas un impératif. L'hydrogène, en cours d'expérimentation, est particulièrement destiné aux transports et systèmes mobiles. Il peut également assurer une production électrique d'appoint lors des pointes hivernales en remplacement des turbines à gaz actuelles. * La production pilotable est celle qui est disponible à la demande pour assurer l'équilibre du réseau électrique. NB: En intégrant la production de Flamanville en 2023, les 6 EPR² prévus pour 2035 ne représentent que 18,5% de notre parc actuel. Le remplacement des 58 réacteurs du parc original (63 GW) représente 38 EPR² de 1,67 GW / unité.