Publié le 28/10/2022 - 18h59
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F - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)
Deux objectifs, curieusement non cités, mais sans doute implicites, à assigner à notre MIX électrique : - émettre le moins possible de CO2 - ne pas entraîner de black-out lors des pics de demande. De la lecture du dossier joint on retient que : - la consommation d'énergie toutes sources confondues devra passer, entre aujourd'hui et 2050, de 1600 Twh à 1000 Twh. - la consommation d'électricité qui représente en 2022, 1/4 du total, soit 400 Twh, passera en 2050 à 2/3, soit 660 Twh. Sur ces 660 Twh, le nucléaire représentera 50% du MIX. Si on fait une règle de 3, la demande maximum, à un moment donné, devrait se situer autour des 160 Gw puisque le record historique avec notre MIX énergétique actuel est d'un peu plus de 100 Gw. Aujourd'hui, quand le nucléaire fonctionne normalement, on dispose de 100 Gw en pilotable (62 en nucléaire, 19 en hydraulique, 13 en gaz, 2 en charbon, 5 en STEP). En 2050, dans le scénario n°3 de RTE qui comprend le plus de nucléaire, on disposera de 81 Gw de pilotable (51 en nucléaire, 22 en hydrau, 8 en STEP). Comment éviter le black-out dans ces conditions, si le pic se situe comme habituellement de nuit, en hiver, par temps anticyclonique, sans vent : - en considérant que la pointe de demande ne dépassera pas 135 Gw. - en comblant le gap restant : en recourant aux batteries des véhicules électriques qui seront "pompées" par le réseau, pour 2 Gw ; en comptant sur la flexibilité de la consommation, pour 13 Gw ; en stockant de l'énergie dans d'énormes batteries, pour 1 Gw ; et enfin en comptant sur l'interconnexion des réseaux - en clair sur nos voisins - pour 39 Gw. Tous ces chiffres sont extraits du dossier joint. En particulier des scénarios de RTE qui figurent dans les pages 180, et de la fiche "flexibilité" en page 140. En résumé, en 2022 avec 100 Gw de pilotable pour une pointe escomptée d'à peu près la même valeur, on se fait du souci sur la thème "passera-t-on l'hiver sans coupure". En 2050 avec 81 Gw de pilotable pour une pointe qui devrait avoisiner les 160 Gw, on reste sereins. Il y a tout de même un certain nombre de facteurs de risque, même dans le scénario qui comprend le plus de moyens pilotables : - comment passera-t-on, toutes sources d'énergie confondues, de 1600 Twh en 2020 à 1000 Twh 2050 ? La sobriété à des limites, en particulier le niveau de confort demandé par les usagers. Quant à l'efficacité énergétique, attendue pour le bâtiment, elle n'est pour l'instant pas au rendez-vous, faute de filière compétente, et l'ADEME a relevé que les gains après travaux étaient minimes voire nuls : il est difficile de gagner plus d'un niveau dans le classement A, B..., G, après travaux. Il y aurait (le nombre fluctue) environ 8 millions de passoires thermiques à réhabiliter, pour un coût unitaire de 40 000 €, soit 320 Mds d'€. C'est un peu plus qu'une année de recettes de l'Etat, toutes taxes et impôts confondus. - il est fait le pari que le rapport entre pic de consommation, et moyenne de consommation, passerait de 2.5 à 2. Pourquoi ? Les nouveaux usages (chauffage par PAC et véhicules électriques) se concentreront sur les heures de pointe au moins autant qu'aujourd'hui les usages domestiques. - la flexibilité de la consommation, attendue à 13 Gw, paraît énorme. Les pics de demande, en soirée hivernale, se produiront non pas ponctuellement, mais par épisodes de plusieurs jours, il faudra bien finir pas chauffer les habitations et recharger les 40 millions de véhicules électriques. - enfin, comment nos voisins (en fait l'Allemagne qui est la seule qui disposera de moyens de production à l'échelle des nôtres) qui seront dans la même situation météorologique que nous, pourront nous fournir 39 GWh à l'heure de pointe, c'est-à-dire l'équivalent de la production de 25 EPR. Pour ce qui est des facteurs de réussite, il y en a au moins deux : - en 30 ans, les progrès techniques seront significatifs, et des solutions seront certainement trouvées pour stocker à prix et à coût environnemental raisonnables, d'énormes quantité d'électricité. - les décideurs politiques auront normalement assez de bon sens pour avancer par étapes vers l'objectif final, en vérifiant à chaque étape, que le risque de black-out est bien pris en compte. En conclusion, une chose est sûre : aucun des scénarios présentés ne sera mis en œuvre tel quel en 2050.
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