Quatre leviers à mobiliser d'urgence: le Bois, la sobriété, la rénovation therrmique et le transport aérien.

Notre rythme de réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) est très insuffisant pour atteindre des objectifs (-55% en 2030 et net zero carbone en 2050) qui, ne l'oublions pas, sont déjà en retrait par rapport à ce que la communauté scientifique préconisait (laisser en terre toutes nouvelle ressources d'énergie fossile). Dans ce contexte, une mobilisation générale devrait être lancée par les pouvoirs publiques, notamment autour des 4 leviers suivants, facilement mobilisables à très courte échéance et sans trop de difficulté: 1 - Le Bois: Quelle aberration de laisser considérer le bois comme une énergie renouvelable alors que sa reconstitution demande de l'ordre d'une centaine d'année, horizon incompatible avec l'urgence climatique. Il est urgent de stopper tous les systèmes d'aide au bois-énergie. En laissant nos forêts tranquilles, (en arrêtant de les exploiter et en se contentant d'un entretien minimaliste), l'expansion naturelle de la biomasse permettrait l'absorption de l'équivalent de 30% (trente) de nos émissions de GES annuelles. Il faut procéder à ce changement d'urgence car la surexploitation en cours de nos massifs forestiers les fragilisent à un moment où ils doivent s'adapter à un changement climatique rapide. Dans le fond, rappelons que les forêts sont le seul levier que nous ayons à notre disposition pour développer des puits de carbone (toute autre innovation technologique se sont révélées inopérantes). Les forêts seront ainsi indispensables pour boucler le bilan de nos objectifs "net zero carbone" (pour compenser les émissions résiduelles). Plus on saura maintenir (et développer) une vaste étendue forestière sur le globe, plus on pourra encore avoir recours à des énergies fossiles pour nos besoins résiduels (aviation par exemple). De quoi pousser nos sociétés à porter un autre regard sur les forêts ? 2 - La sobriété doit être poussée beaucoup plus fort et loin, en jouant sur l'efficacité énergétique (technologies moins consommatrices comme les LED etc) mais aussi sur les comportements : la frugalité est absolument indispensable pour rendre nos modes de vie durables. Il faut sortir de l'idéologie de la consommation comme unique moyen d'épanouissement, cesser de créer des besoins nouveaux et trier dans notre consommation ce qui relève du superflu et le supprimer. Certains secteurs doivent décroitre comme par exemple le tourisme (dès lors qu'il a une empreinte carbone importante), et d'autres doivent être maintenus voire renforcés car essentiel (par exemple la Santé et l'Education). 3 - La Rénovation Thermique des bâtiments devraient être la première priorité des pouvoirs publics, en mobilisant massivement les fonds publics pour permettre aux propriétaires de réaliser rapidement les travaux d'isolation. L'état doit aller beaucoup plus loin que ce qu'il ne fait actuellement (voir par exemple les propositions de Y Contassot dans le Monde du 18/11/2022 (https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/18/yves-contassot-pour-la-…), plutôt que de dilapider l'argent public en des aides au carburant contre-productives. 4 - Le transport aérien, vu l'urgence climatique, doit être réduit très rapidement au strict nécessaire. Taxons enfin le kérozène des avions et imposons une multiplication des prix des billets d'avions (par des taxes carbone ou autre) par un facteur de l'ordre de 5 ou 6 (à ajuster) pour réellement réduire l'usage de l'aérien et le limiter à l'essentiel. La situation actuelle où le train est de l'ordre de deux fois plus cher que l'avion est une aberration totale qu'il faudrait arrêter au plus vite. En parallèle, un plan massif de développement de l'offre ferroviaire longue distance serait nécessaire à très court terme.