Valeurs et risques des mix énergétiques
24/12/2022 - 10h38
Les besoins à satisfaire doivent être hiérarchisés en fonction des risques associés. Il faut assurer la neutralité carbone, ne pas épuiser les ressources, produire de l’énergie électrique au moment requis, ne pas présenter de risques pour la santé et la sécurité des populations, ne pas affecter la faune et la flore, ne pas entrainer de nuisances pour les populations locales. Ces besoins, dont il convient d’établir la liste exhaustive, doivent être satisfaits au mieux et au plus bas coût. La « valeur » de chaque solution de mix énergétique est donnée par le ratio : (degré de satisfaction des besoins hiérarchisés) / (coût global de la solution sur son cycle de vie (de la conception à la déconstruction)). Il faut également raisonner à partir d’une hiérarchie des risques consentis. Ceux-ci s'évaluent par la combinaison des conséquences d’événements redoutés et de leurs probabilités. Il convient donc sur ces bases de comparer les solutions suivantes : - Une solution 100% renouvelable. La possibilité de stockage étant très limitée, cette solution ne satisfait pas le besoin de disposer d’énergie au moment requis. Elle a une très forte probabilité d’entraîner des conséquences économiques et sociales désastreuses (disparitions d’entreprises, précarité, conflits sociaux) ainsi que des nuisances locales. Lorsqu’une solution de stockage à grande échelle sera techniquement envisageable il faudra peser ses conséquences environnementales et économiques qui ne seront pas négligeables. Cette solution n’est donc pas acceptable à moyen terme. - Une production à partir des énergies fossiles (charbon, fioul ou gaz), associée ou non à des énergies renouvelables n'est pas acceptable. Elle entraine avec certitude des effets catastrophiques sur le vivant ainsi qu’une diminution inéluctable à moyen terme des ressources. La biomasse ne peut que fournir une énergie très limitée. - Un mix avec une grande capacité d’énergies renouvelables doublée par une capacité nucléaire pilotable et suffisante pour remplacer les énergies intermittentes est non optimal. En effet il conduit à surdimensionner la capacité installée et à ne pas utiliser le nucléaire quand le renouvelable produit. Le coût global de cycle de vie du surinvestissement ne sera pas compensé par la réduction de la consommation d’uranium. Cette solution conduit à un prix élevé de l’électricité, sans aucun bénéfice concernant la réduction des risques et déchets nucléaires. Elle est donc inappropriée. - Un parc nucléaire prédominant satisfait le besoin d’une production pilotable sans CO2 mais produit des déchets radioactifs et présente des risques d’accidents graves pour les populations et l’environnement. Ceux-ci peuvent cependant être maîtrisés avec une probabilité d’apparition rendue très faible et des effets limités et locaux. Elle conduit au prix de l’électricité pilotable le plus bas en l’absence d’utilisation d’énergies fossiles. Les ressources en combustible sont épuisables mais le risque de pénurie à moyen terme reste faible. La production des déchets est certaine mais gérable. Si les déchets enfouis représentent un danger localisé dans des centaines d’années, notre priorité aujourd'hui doit être la vie des générations des prochaines décennies menacées par le changement climatique. Un mix reposant sur une production nucléaire élevée est donc la solution qui minimise les risques (dont les probabilités sont très faibles alors que ce sont des certitudes pour les autres solutions) et maximise la "valeur" tant que d’autres moyens de production plus satisfaisants ne seront pas opérationnels (production d’hydrogène comme vecteur d’énergie, fusion nucléaire, …). Il faut cependant tenir compte du temps de construction des moyens de production qui est un paramètre important pour faire face à la demande en temps voulu. L’absence de politique énergétique rationnelle et cohérente en France depuis les années 1980 et en Europe ne permet malheureusement pas aujourd’hui de se passer des énergies fossiles. Sur ce point le renouvelable présente l’avantage d’un développement plus rapide que le nucléaire. Il pourra donc être nécessaire de recourir à la construction de moyens de production renouvelable en attente d’une capacité nucléaire croissante qui pourra prendre le relai et permettre une gestion économique de la production et de la capacité installée. Pour les autres besoins énergétiques, essentiellement le chauffage des bâtiments, le transport et l’industrie, il faut recourir à l’électricité et à la sobriété énergétique.
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Jean-Claude Lemaire
26/12/2022 - 23h19
L'Etat doit inciter les consommateur par un message "coût" en direction des entreprises et des consommateurs : taxation plus forte des énergies fossiles + incitation financière aux économies d'énergie et aux énergies décarbonées. Communiquer auprès des consommateurs sur tous les intérêts à aller vers la neutralité carbone : la marche à pied ou le vélo, la réduction de la conso de viande et de produits laitiers... sont favorables au consommateur en termes de SANTÉ, POUVOIR D'ACHAT et TRANSITION ÉNERGÉTIQUE.
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