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J - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)
J, car aucune des autres options ne résiste à l'examen des faits. Le nucléaire ne peut être qu'une énergie de transition, à abandonner au plus vite. Pourquoi ? Loin des idéologies et des propagandes, les faits sont têtus.
- Le nucléaire serait la meilleure énergie face au changement climatique ? Or le nucléaire français est incapable de coexister avec l'évolution en cours du climat, car toutes ses centrales présentes et à venir sont en bord de mer ou de cours d'eau. En bord de mer elles sont promises à submersion du fait de la montée du niveau des océans : submersion progressive à moyen terme, mais potentiellement brutale à court terme (cf. Fukushima, et même la centrale française du Blayais, très proche de l'inondation en décembre 1999). En bord de cours d'eau, elles risquent aussi d'éventuelles inondations (Fessenheim est sous le niveau du Rhin). Des déchets radioactifs sont stockés à l'air libre à côté des centrales. Et surtout elles manquent déjà d'eau de refroidissement, ce qui ne fera que s'accroître avec l'inéluctable baisse de débit des cours d'eau, jointe à la hausse de leur température : obligation de stopper les réacteurs. Le MWh nucléaire nécessite 3,5 fois plus d'eau que le MWh des centrales au gaz.
- Le nucléaire serait décarboné ? Il produit cependant des quantités considérables de gaz à effet de serre, comme la vapeur d'eau mais surtout le gaz HFC généré par les “pertes” de liquides frigorigènes. Ainsi la centrale de Paluel (qui n'est pas la seule dans ce cas) en a rejeté 533 kg durant les 6 premiers mois de 2022, soit 5,33 fois la limite annuelle autorisée (source EDF). Or non seulement le HFS est bien plus “réchauffant” pour le climat que le CO2, mais il l'est pendant bien plus longtemps : 1kg de HFC = 22 800 kg de CO2, et 20 ans après son émission, 1kg de HFC = encore 3710 kg de CO2. S'y ajoutent les considérables quantités de C02 rejetées par l'extraction de l'uranium (parfois grâce à l'énergie de centrales à charbon…), son traitement et son transport sur des milliers de km (jusque depuis l'Australie), le transport et le traitement des déchets vers des destinations fort lointaines (aux confins de la Russie), la construction d'un site de stockage gigantesque (bien que ridicule par rapport aux besoins) à Bure, la construction de l'EPR de Flamanville, lancée en 2007 et peut-être terminée en 2024 (record mondial d'émission de CO2 par MWh produit…).
- Le nucléaire assurerait l'indépendance énergétique ? Avec de l'uranium provenant d'Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Niger, du Canada ou d'Australie ? Acheminé par Orano ou l'anglo-saxon Urenco ? Avec des centrales très majoritairement sous licence Westinghouse ? Et des déchets expédiés en Russie pour être retraités ? Russie dont le champion Rosatom a pris le contrôle du seul fabricant français de cuves ?
- L'énergie nucléaire serait bon marché ? Facile tant elle est vendue bien en-dessous de son coût de revient, et qu'on ne prend pas en compte les dépenses suivantes (source EDF) : près de 20 milliards pour Flamanville, déficit de ± 17 milliards sur l'EPR vendu aux Finlandais, plus de 60 milliards pour le traitement des déchets (+ 3 milliards par an), 40 milliards (estimés) pour Bure, 46,4 milliards pour les démantèlements à venir (la Cour des Comptes prévoit le double), 50 milliards provisionnés pour la remise en état du parc nucléaire (2 à 3 fois plus selon les spécialistes indépendants), 5 milliards pour couvrir le scandale Uramin-Areva (devenu Orano), ± 45 milliards de dettes officielles EDF (70 en intégrant la dette hybride). Plus le contrat de l'EPR de Hinckley, si calamiteux qu'il a entraîné la démission du directeur financier d'EDF (déjà 10 ans de retard d'une construction financée aux 2/3 par EDF). Ajoutons les quelques 56 milliards (prévus…) pour les 6 futurs EPR. Le nucléaire est un gouffre chaque jour plus profond. Un précédent PDG d'EDF avait été renvoyé pour avoir estimé qu'il fallait augmenter de 30 % le prix de vente du kWh : proposition inacceptable, car il faut maintenir le mythe du nucléaire bon marché, “quoi qu'il en coûte” ; les problèmes de maintenance actuels n'ont pas d'autres causes, malgré la propagande accusant les écologistes et les Allemands. Et le projet Hercule vise à privatiser le département rentable des énergies renouvelables, en laissant le contribuable continuer à financer à perte le nucléaire nationalisé.
- Le nucléaire serait une énergie disponible en permanence, contrairement aux ENR ? Alors que nos centrales ont cumulé plus de 5000 jours d’arrêts en 2020 ? Et qu'en 1980 l’accident de St-Laurent-des-Eaux (fusion de 2 combustibles du réacteur) a bloqué la centrale pendant 2 ans et demi. Et que Fessenheim fonctionnait à peine 1 jour sur 3 ? Les vieilles centrales peuvent être arrêtées pour maintenance, les plus récentes pour oxydation, toutes pour la baisse de débit des cours d'eau.
- Le nucléaire serait sûr ? C'est oublier Chooz en 1968, St-Laurent-des-Eaux en 1969, puis en 1980 (niveau 4), Blaye en 1999, Tricastin en 2008… Et divers incidents graves : La Hague en 1981, Gravelines en 1989. Aucune centrale française ne peur résister à la chute d’un avion de ligne. Et Greenpeace a plusieurs fois démontré que de simples retraités guère athlétiques atteignaient facilement les zones sensibles des centrales. Mais EDF économise en prenant le risque de recourir à toujours plus de maintenance sous-traitée. Et il n'existe aucun plan sérieux d’évacuation des populations, aucune répétition y préparant : les rares simulations tentées ont été catastrophiques. Enfin la couverture maximale d’assurance en cas d’accident nucléaire est de 1,5 milliard €, alors que la Suisse a évalué le coût d’un accident type Tchernobyl à 4000 milliards €.
- Un seul argument pro-nucléaire résiste aux faits : la France s’est tellement engluée dans la monoculture nucléaire qu’elle ne peut en sortir aussi vite que d'autres pays. Il lui faudrait ± 2 décennies pour réussir une transition vivable vers un modèle sûr et propre.