Classification des logements par leur DPE : donner priorité au climatique plutôt qu’à l’énergétique, ou mixer les deux
12/11/2022 - 22h24
Les émissions de CO2 (ratio CO2/m2) sont mal et insuffisamment prises en compte dans la classification (« passoires thermiques ») puisqu’elles n’interviennent qu’en second rang après la classe énergétique (kWh/m2) qui détermine - seule - toutes les mesures du dispositif actuel. Or, le but est bien d’amener le maximum de logements à émettre le moins de CO2 possible : au lieu de cibler le climat, le dispositif actuel cible donc d’abord la précarité énergétique, de façon inexacte et déconnectée du réel, avec un outil DPE par ailleurs très largement théorique et normatif dans sa méthodologie. En mixant la classe climatique et la classe énergétique dans la classification faite au moyen des DPE, avec une grille à double-entrée, on permet une plus grande granularité (des marches moins hautes à franchir pour changer de classe, et donc la possibilité d’améliorer les ratios sans nécessairement faire de très gros travaux, qui sont soit inaccessibles financièrement, soit physiquement comme techniquement impossibles, soit les deux…), on atténue les effets de seuils (avec des impacts très élevés comme à la frontière des classes D et E à terme, ou E et F actuellement, etc…), et on cible précisément et activement les impacts climatiques, prioritaires. Ainsi, un logement E+B (kWh+CO2) n’aurait pas les mêmes impératifs calendaires de rénovation qu’un bien classé E+D à l’impact climatique bien plus mauvais. Pour ne prendre qu’un seul exemple, un logement chauffé au fioul classé D en énergie et D (ou E) en CO2 ne subira aucune contrainte (cf. interdictions locatives, blocage des loyers, opposabilité, etc…) alors qu’un logement chauffé à l’électricité classé E (ou F) en énergie et B (ou C) en CO2 se voit imposer des travaux, parfois physiquement irréalisables, sauf à subir une perte de valeur substantielle depuis la loi Climat et résilience d’août 2021 (par exemple, décote immédiate d’une classe E faute d’avoir aucune certitude sur l’impact des travaux, et donc, à long terme, sur la possibilité de pouvoir louer le bien, augmenter les loyers, etc…). On a ainsi, d’un côté, des « passoires thermiques » électriques qui n’ont qu’un faible impact sur le CO2, et, de l’autre, des logements chauffés au fioul ou au gaz, bien isolés, mais dont les émissions de CO2/m2 sont sensiblement plus élevées, qui ne subissent pas de restrictions, n’incitent donc pas à changer d’énergie de chauffage, pour en finir avec le fossile (par ailleurs importé, en $, raffiné, transporté, soumis aux aléas géopolitiques, etc…).
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Bichon
21/11/2022 - 15h45
Un mixage des 2 notions (perte calorique des bâtiments et émission CO2) me semble pertinent. J'ajouterai qu'il serait bien que les études DPE ne s'appuient pas uniquement sur des données de technique constructive du bâtis mais aussi sur des mesures thermographiques pour visualiser les ponts thermiques et des tests de perméabilité à l'air permettant de mettre en évidence les défaut d'étanchéité à l'ai des bâtiments. Enfin comment peut-on encore aujourd'hui autoriser la construction de bâtiments neufs avec un système de chauffage au gaz?
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