DPE : à revoir et corriger largement et urgemment
12/11/2022 - 22h22
Comme outil de référence de la Loi climat et résilience, le diagnostic de performance énergétique (DPE) comporte de trop nombreux biais méthodologiques, souvent déterminants avec, comme conséquence, une classification (« passoires thermiques ») déconnectée du réel (les écarts des ratios kWh/m2 pouvant atteindre 20%, 30%, voire davantage,...), autant que de sérieuses difficultés, voire impossibilités physiques, pas seulement financières ou techniques, à réduire les émissions de CO2 au moyen de travaux : - toute la surface des parois (murs, toiture, sol) est prise en compte pour sommer les m2 alors que seuls les m2 habitables, au sens des lois Carrez et Boutin, sont retenus dans le calcul du ratio kWh/m2, entraînant des écarts de classification qui peuvent être très élevés, et déterminants (aux seuils de certaines classes) ; cette anomalie explique, en partie, le très mauvais classement des petits logements (cf. rapport ONRE du 22 juillet 2022 : 34% de classes F et G pour les moins de 30 m2 contre 17% pour tous les logements, soit un facteur 2…), notamment pour tous ceux, nombreux, situés aux derniers étages des immeubles de grandes villes. Il convient donc de rapporter le cumul des kWh annuels estimés soit à la surface au sol, soit (mieux) au volume puisque les outils de mesure permettent de tenir compte des hauteurs des pièces sans difficultés (et puisque qu’on chauffe des… volumes… et non pas des surfaces !...) - le DPE ignore complètement le fait qu’une partie des murs est isolée, dans la réalité, par des éléments mobiliers indissociables (placards, électroménager, évier, carrelage couvrant les parois, etc…) comme il ignore la classe énergétique des équipements de base (réfrigérateur, plaques de cuisson, etc…) eux aussi indissociables d’un logement. Ces éléments doivent être enregistrés dans les données entrées lors du diagnostic. - le DPE est circonscrit à, seulement, quatre postes énergétiques - chauffage, eau chaude sanitaire (ECS), refroidissement (climatisation) et ventilation (VMC, VMR, etc…) - : aucune entrée n’est prévue pour renseigner et prendre en compte la nature de l’éclairage (retenu de façon normative, comme l’ECS, selon la surface et un taux théorique d’occupation), ni les équipements électroménagers, avec, là encore, des effets de seuils qui peuvent être significatifs. Par exemple, remplacer tout l’éclairage par des leds n’a aucun impact sur le DPE, mais diminue bien sur la consommation électrique réelle (divisée par 7 à 10 sur ce poste). La saisie de la nature des éclairages doit être effectuée lors du diagnostic. - l’ECS est intégrée dans le DPE selon une simple norme d’occupation en fonction de la surface habitable (« L'énergie nécessaire pour chauffer l'eau est définie sur la base de la surface habitable et du taux d'occupation »), le volume de stockage de l’eau chauffée n’intervenant que de façon très marginale ; là encore, une autre explication aux très mauvais classements des petites surfaces puisque l’ECS y occupe une part très élevée, souvent prépondérante, dans l’énergie consommée (par exemple, la consommation d’un chauffe-eau de 100 litres sera intégrée de façon très proche dans 20 comme dans 25 m2, malgré 20% de surface - habitable… - en moins). Ainsi, la part essentielle de l’ECS dans les petits logements ne permet pas, bien souvent, de pouvoir envisager (techniquement, physiquement) sortir des classes énergétiques jugées défavorables (E à G) compte tenu de ce mode de calcul, même en réalisant par ailleurs tous les travaux d’isolation physiquement possibles (qui impacteront l’autre poste essentiel du chauffage). La prise en compte des données réelles, tant du volume d’eau chaude chauffée, en lui accordant toute la place qui lui revient dans la réalité (chauffer 65 litres n’est pas chauffer 100 litres !... ce que le DPE ne prend en compte qu’à la marge), comme de la classe énergétique et des caractéristiques du chauffe-eau corrigeraient ce biais. - l'énergie électrique, la moins émettrice de CO2, est comptée dans les DPE avec un coefficient de conversion d'énergie primaire en énergie finale de 2,3 qui ne reflète pas le mix énergétique électrique actuel qui détermine un coefficient de 2,1 : les logements à l’électricité, les moins préjudiciables au climat, subissent donc une « pénalité » de -9% sur leurs ratios... pour de seules raisons normatives… Le coefficient de conversion doit donc être ajusté chaque année, au fil de l’évolution du mix énergétique, et même être anticipé, en fonction des objectifs (à 5 ans par exemple) du mix électrique, s’agissant de biens immobiliers appréciés sur une longue période (l’acheteur d’un logement s’y projette à 5, 10, 20, 30 ans…).
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