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Les moyens de sortie des énergies fossiles

dominique.vignon@academie-technologies.fr

01/01/2023 - 16h07

Comment planifier la fin des énergies fossiles Sortir des énergies fossiles nécessite de promouvoir l’électrification de nombreuses activités et de modifier profondément l’infrastructure énergétique française : la production, les réseaux de transport, les terminaux d’utilisation sont à remplacer, renforcer ou renouveler. Ce n’est pas une simple transition, mais une révolution, qui sera coûteuse, d’autant que cette sortie des énergies fossiles détruira des emplois si elle est conduite en s’affranchissant des considérations techniques et économiques. Elle peut au contraire en créer si la France veut se situer au cœur de l’Europe de l’électricité. La transition énergétique présente un paradoxe : les consommations d’énergie primaires fossiles doivent baisser ; mais les énergies primaires décarbonées doivent croitre fortement. Le potentiel des biocarburants est plus limité que les hypothèses SNBC (cf. récente étude de France Stratégie) et les biocarburants seront réservés à des usages pour lesquels ils ne sont pas substituables (aviation…). L’électricité décarbonée doit donc prendre une place prépondérante parmi les énergies primaires de demain (les deux tiers alors qu’elle n’en représente qu’un quart aujourd’hui). Le marché potentiel d’électricité décarbonée, exexportations comprises, est supérieur d’au moins 70 % au marché actuel. De surcroît, une stratégie de surinvestissement en électricité pilotable est une stratégie « no regret », car des excédents, s’il y en avait, trouveraient facilement une demande dans les pays voisins : ils déclarent dès aujourd’hui se placer en importateurs nets à moyen terme. En outre, un marché considérable de carburants de synthèse, en particulier pour l’aviation, est devant nous : il nécessite beaucoup d’électricité. Un mix 100 % renouvelable pour les quantités visées, outre les défis techniques à résoudre, serait très couteux et finalement irréaliste. Il faudrait lui associer un système de stockage-déstockage pour pallier l’intermittence des périodes ni ensoleillées ni venteuses. Ce système aurait nécessairement une forte capacité (des dizaines de GW), mais un faible facteur de charge (un peu plus de 10 %). De multiples techniques d’ores et déjà disponibles sont à mobiliser pour réussir la transition énergétique. Il y a un large consensus sur la nécessité de promouvoir les pompes à chaleur, utiliser plus la géothermie de surface, améliorer l’isolation deslogements, électrifier les mobilités. Deux leviers particuliers sont aussi essentiels, et apportent de façon certaine un bénéfice : 1. Le captage et le stockage du CO2 (CCS). 2. La réalisation en série de centrales nucléaires.