Les outils de flexibilité des réseaux
18/01/2023 - 14h36
Aujourd'hui, l'électricité représente 25% de l'énergie finale consommée en France et 30% sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, avec un peu plus de 3 TWh par an. Mais, sous l’effet de la baisse globale des consommations d'énergie et d’un renforcement de l’électrification (développement des véhicules électriques, électrification des usages domestiques et des process industriels…), cette énergie devrait représenter 55 % de notre consommation en 2050. L’étude « Futurs énergétiques 2050 » menée par RTE prévoit une consommation finale d’électricité de 645 TWh dans la trajectoire de référence, voire de 700 TWh ou 745 TWh selon des scénarios impliquant des besoins accrus en électricité et hydrogène. Ces besoins futurs, à mettre en regard de la consommation électrique actuelle s’élevant à 400 TWh, représentent ainsi un accroissement de la demande électrique estimé entre +60% et +90%. Un tel accroissement des besoins suscite de réelles questions quant à la capacité des réseaux de transport et de distribution à acheminer l’électricité vers les usagers finals, en considérant qu’ils sont dimensionnés pour les besoins actuels. Sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, la consommation électrique est constituée d’un bandeau de 300 MW, sur lequel se superpose la courbe des appels instantanés représentant quelques 500 MW lors des pics de consommation les plus importants. Le report des usages vers l’électricité génèrera des pointes de consommations bien plus fortes que celles que nous connaissons aujourd’hui et qui nous exposent déjà à des risques de délestage afin de maintenir l’équilibre du réseau. En outre, ni la production nucléaire qui est de nature difficilement ajustable, ni celle issue des énergies renouvelables intermittentes ne seront en mesure de répondre à des pics de consommations susceptibles de représenter le double ou le triple du socle. Les outils de flexibilité des réseaux, et en particulier la capacité des territoires à stocker l’énergie pour la restituer de manière décentralisée lors des pics de consommation sur leur propre réseau de distribution, sera donc fondamentale pour tout à la fois, permettre de répondre en temps réel à la demande, mais aussi éviter des investissements massifs qui seraient nécessaires pour renforcer les réseaux existants. Il est donc essentiel que l’État, dans le cadre de l’étude prospective sur le mix énergétique de demain, s’attache à considérer les outils de flexibilité des réseaux de manière prioritaire. Le développement des véhicules électriques devra notamment s’accompagner de la mise à disposition au profit du réseau de la capacité de stockage électrochimique du parc de véhicules, dans une logique de circuit court. Sur le territoire métropolitain et en supposant une migration du parc actuel vers un parc électrique, la capacité supplémentaire instantanée serait en effet de l’ordre de 900 MW, à même de couvrir la courbe de charge actuelle. De même, il sera nécessaire de déployer la recharge intelligente pour lisser les consommations. Au-delà de ce levier d’action en lien avec le déploiement des mobilités électriques, l’État devra encourager les couplages sectoriels tels que le power-to-heat et le power-to-gaz afin de permettre aux réseaux de chaleur et gaziers d’emmagasiner le surplus de production électrique et de le restituer pour des usages ponctuels de chaleur.
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