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Politique de rénovation thermique : clarifier, rendre lisible et unifier les objectifs des politiques publiques

FMI

12/11/2022 - 22h24

Les dispositifs (messages, aides, guichets de conseils, etc…) liés aux objectifs politiques affichés comme à ceux déjà actés mélangent trois choses différentes : la lutte contre les « passoires thermiques » selon le thermomètre normatif et très approximatif du DPE ; la lutte contre la « précarité énergétique », qui correspond à la baisse de l’énergie réellement consommée et des factures, ce que ne retrace pas nécessairement ou insuffisamment l’outil DPE ; la lutte contre le réchauffement climatique, là encore peu et mal ciblée par les DPE (les ratios CO2/m2 ne sont pas déterminants, à la défaveur des énergies qui ne sont pas fossiles !...). Ce qui nécessiterait de clarifier et unifier les cibles, et les approches méthodologiques comme législatives, entre « passoires thermiques » (les vraies autant que possible) pour cibler en priorité les passoires climatiques (énergies de chauffage fossiles : fioul et gaz), « précarité énergétique » (aides aux factures et à la rénovation pour les plus bas revenus), et réduction du CO2 (priorité à la fin des énergies de chauffage fossiles : fioul et gaz), plutôt qu’un manque de cohérence et un mélange des genres qui ne servent pas les objectifs (climatiques donc !). Dans la réalité (la simple lecture attentive de tous les éléments descriptifs renseignés et des calculs faits dans un DPE permet de s’en rendre compte), on peut très bien réduire ses factures (leds, adaptation du volume du chauffe-eau aux besoins réels, équipements domestiques classés A, réglage accessible et simplifié de la température du chauffe-eau, etc…) et son impact climatique effectif sans, pour autant, que cela change quoi que ce soit aux classes définies par le DPE (au mieux de façon extrêmement marginale), donc à la valeur économique, locative. Par ailleurs, le dispositif actuel interroge sur le fait de cibler tout mais seulement le parc locatif, laissant de côté les propriétaires-occupants qui comptent pourtant pour près de 60% du parc, ignorant la réalité de l’occupation et les contraintes du bail (durée, renouvellement, etc…)… La priorité, l’urgence, accélérée et massive, c’est la sortie du fioul et du gaz pour les énergies de chauffage, au lieu de viser tout le parc de logement (mais seulement les bailleurs) et peu importe l’énergie de chauffage (même peu carbonée), pour cibler au mieux et au plus tôt les vraies « passoires climatiques », au lieu d’imposer une politique générale au parc locatif (avec l’équivalent d’un « passe locatif » assis sur le seul ratio kWh/m2 estimé par le DPE) = y concentrer tous les moyens publics (aides financières, guichets France Renov’, formation des artisans, etc…) avec un calendrier ramassé sur quelques années, sans distinguer propriétaires-occupants et bailleurs (dans un marché locatif déjà très tendu et dont les tensions sont aggravées par le dispositif actuel « made in DPE »…), rendrait la politique plus efficace…