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Publié le 18/01/2023 - 12h27

Dimitri Carbonnelle

  • D - Autre proposition (à préciser et justifier dans le champ ci-après)

Réponse du The Shift Project - The Shifters (via Dimitri Carbonnelle - Shifter, Pôle Influence Droit Interne ) L’activité industrielle correspond à 20% des émissions de GES nationale, dont les ¾ sont liées à l’industrie lourde (chimie, métallurgie, ciment-béton). Le fret, quant à lui, représente 9% des émissions. Il est toutefois intéressant de noter que la trajectoire de ces 2 secteurs est différente depuis un demi-siècle. La part relative de l’industrie en France ne cesse de baisser depuis 50 ans, passant de 25% du PIB à 13% aujourd’hui . Pourtant, la crise Covid ou plus récemment la guerre en Ukraine, nous fait prendre conscience de l’intérêt à disposer d’un appareil de production industrielle robuste, diversifié et résilient. A contrario, le secteur des transports de marchandises est le seul à ne pas avoir réduit ses émissions de GES depuis 1990 (la croissance de l’e-commerce expliquant en partie cette tendance). Le fret se fait de plus en plus par la route : de 35% en 1960 à 90% aujourd’hui. Les efforts à réaliser pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone sont donc considérables. Quelles sont les préconisations du Shift Project pour l’activité industrielle et le fret ? L’activité industrielle nationale L’objectif à 2050 est de réduire les émissions nationales de GES de 80% (par rapport à 2015), dont 20% par la sobriété. Quatre axes de travail existent pour permettre à la fois de décarboner le secteur tout en le rendant plus résilient : - Poursuivre le progrès technique : “efficacité énergétique, changement des combustibles des fours, recyclage mécanique etc.” - Créer un cadre propice aux ruptures technologiques : “recours à l’hydrogène produit par électrolyse, recours au CCS, recyclage chimique etc.” - Mettre en place des mesures de sobriété : baisser la consommation d’emballages plastiques de 70%, augmenter le recyclage, la réparation et le réemploi, relocaliser, etc. En 2050 les leviers du progrès technique et des ruptures technologiques seront responsables respectivement de 40% chacun de l’effort de décarbonation. Les 20% restant de sobriété ne sont pas pour autant certains, il est probable qu’une adaptation soit nécessaire, l’innovation technologique reste un pari. Une fois sa transformation réalisée, l’industrie continuera de produire pour les autres secteurs, en s’adaptant aux nouvelles manières de se déplacer, de consommer, etc. Les mesures préconisées par le PTEF pour ce secteur rejoignent donc plutôt le premier scénario proposé par le questionnaire de la consultation nationale, avec une baisse significative de nos consommations de biens manufacturés et de nos besoins en construction obtenue par la sobriété. Cependant, pour assurer une réduction de nos émissions induites, tout en obtenant une meilleure résilience, le PTEF envisage la relocalisation de certaines productions comme la production d’engrais ou encore certaines étapes de la production de batteries. Le développement de l’APV (Après-Première vie), qui “couvre l’ensemble des activités qui prennent en charge les biens après leur première utilisation” , est aussi un enjeu de réindustrialisation nationale. Le fret A l’horizon 2050, l’objectif, comme pour tout secteur, est de transformer l’usage et d’en diminuer le besoin global. Ainsi, il faudrait : - multiplier par 3 le transport fluvial - multiplier par 2 le transport ferroviaire - diminuer de 25% les volumes transportés Par rapport au questionnaire de la consultation publique, ces préconisations se rapprochent de la première réponse proposée (se fondant sur le scénario S1 de l'ADEME) au sujet de la réduction du fret et du scénario S2 au sujet du report modal sur le transport fluvial et ferroviaire. Cependant, même avec ces mesures, la part de transport terrestre reste importante dans le PTEF. L’objectif prioritaire va donc être de diminuer la consommation générale tout en décarbonant les moyens de transport. Plusieurs leviers sont identifiés pour atteindre cet objectif ambitieux : - L’électrification, notamment des principaux axes routiers (voie de droite), et petites batteries sur les véhicules - Baisse des consommations moyennes (aérodynamique, motorisation, éco conduite, baisse de vitesse…) - Le remplissage optimal (organisation de la mutualisation, la réduction des cadences d’envoi et la généralisation de pratiques de maximisation des chargements) - Système cyclologistique généralisé - Formation de tous les acteurs du fret aux enjeux énergie-climat Conclusion Le questionnaire mis en ligne par le ministère propose pour chaque question des réponses qui vont dans une seule direction, or, ce que montrent les différents rapports du PTEF, c'est qu'il n'y a pas une solution unique pour décarboner l’économie. Il est certain que les efforts à déployer sont d'envergure et que la sobriété est dans chaque domaine un levier important mais elle n'est pas toujours le seul. Enfin, ces efforts ont un sens qui dépasse le seul calcul des émissions, la direction qu’ils prennent est celle une vie future plus confortable, mieux informée sur les impacts de nos consommations et mieux adaptée aux conséquences du dérèglement climatique.