Relancer un service public de l'énergie
25/12/2022 - 14h10
Il est essentiel d’obtenir un consensus sur le mix énergétique, sans lequel il sera très difficile, voire impossible, de planifier, mettre en œuvre et financer les investissements nécessaires dans la durée. Cette durée n’est pas celle du calendrier électoral et il y a un risque majeur que tout soit modifié au gré des pressions politiques sans égard à l’intérêt national et européen. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Nous avions l’un des meilleurs systèmes de production/transport/distribution d’électricité en Europe mais depuis 25 ans ce système a été résolument défait et dégradé pour en arriver aujourd’hui à une situation déplorable. Il ne faut pas attendre de vision des acteurs politiques qui orientent leur actions suivant les pressions de l'opinion publique qui leur sont utiles. Ce résultat provient en grande partie d’un manque de débat public, d’une part à propos du fonctionnement physique des systèmes de production d’énergie électrique, et d’autre part sur la perception des risques et effets qui y sont liés (effets climatiques, risques sociaux, risques économiques, risques sur la santé des populations, risques pour la faune et la flore, etc.). L’énergie est un sujet difficile ou les idées courtes qui visent les émotions inondent les médias et pénètrent les esprits. Il est urgent et vital de donner du temps aux spécialistes du sujet pour débattre en profondeur, exposer les faits et se débarrasser des idées fausses. En matière d’énergie les choix pour le futur doivent être basés sur la raison, il n’y a pas de place pour l’idéologie. La planification, le financement et la mise en œuvre d’infrastructures vitales à une échelle qui dépasse les frontières nationales sur une durée longue ne peut pas être laissé à l’initiative privée. Ce doit être un projet national qui à terme devra se transformer en projet européen. Le « logiciel » européen à base d’idéologie libérale nous a conduit à une impasse dont il faut tirer les conséquences. Un service public de l’énergie reposant sur une entreprise nationale, et pourquoi pas un jour internationale, tel qu’il avait été créé en 1946 doit être reconsidéré et repensé à une échelle européenne et la France peut en prendre l’initiative. Par ailleurs la recherche doit être accompagnée et amplifiée dans les domaines prometteurs que sont les SMR, les réacteurs de 4ème génération (ASTRID doit être relancé !), la fusion nucléaire, l’usage de l’hydrogène, les panneaux solaires photovoltaïques et la géothermie (la chaudière nous avons sous les pieds (nucléaire rappelons-le) est insuffisamment exploitée).
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Soutiens
Jeffe33
03/01/2023 - 15h58
Tout à fait d'accord. Nos dirigeants ont choisi l'option libérale pour l'énergie depuis 25 ans. C'est une faillite énorme. Il faut en sortir d'urgence pour pouvoir planifier et financer.
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Ptiloup
27/12/2022 - 13h00
Il faut aussi rappelé ici que l'actionnaire majoritaire d'EDF, avant de revenir prochainement à 100 %, est l’État. C'est l’État qui a détricoté le service public de l'électricité depuis plus de 40 ans (la fermeture de Super Phoenix en a été le premier maillon en 1981...), c'est l’État qui ne sait pas défendre son mix énergétique face à l'Europe et qui s'est engagé lors de la COP 21 à installer un pourcentage de renouvelables sans aucune corrélation avec l'enjeu de baisse de nos émissions de CO2 ! Si on veut reconquérir notre souveraineté énergétique, il faut viser avant tout du pilotable et des filières nationales, créatrices d'emplois durables en France.
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